L'opéra Amadis de Gaule : un projet franco-tchéco-slovaque

Le 1er décembre prochain, l’Opéra d’Etat de Prague proposera Amadis de Gaule, un opéra de Jean-Chrétien Bach. Fruit d’une collaboration franco-tchéco-slovaque, ce projet est détaillé par Olivier Jacquot, conseiller culturel à l’ambassade de France :

« Ce projet est né de la réflexion de musiciens français, tchèques et slovaques qui avaient envie de monter un projet novateur, qui connaissaient cet opéra en français qui est parfaitement original. Au départ, c’est donc une réflexion scientifique. »

C’est un opéra qui a déjà été joué souvent par le passé ? Ici, c’est une première en tout cas...

« Il a été joué en France au XVIIIe siècle. On l’a retrouvé joué au XIXe siècle mais dans des formes uniquement concertantes. Et là, comme ça va être le cas à Prague, il n’avait jamais été enregistré sur instruments anciens, ce qui va être une première. C’est aussi le défi que nous souhaitons relever : faire un enregistrement qui ressemble à la musique qui prévalait en 1779 lorsque l’Académie royale de musique de Paris a commandé cette oeuvre. »

On connaît évidemment Johann Sebastian Bach, le père. Dans le cas d’Amadis de Gaule, on le doit au fils, Jean-Chrétien Bach. Qui était-il ?

Jean-Chrétien Bach
« Il fait partie de la nombreuse progéniture de Bach qui avait onze garçons. Je crois qu’il faut mettre en exergue un élément : Jean-Chrétien Bach, c’est probablement le plus européen des fils de Bach. Il a eu sa formation musicale en Allemagne, avec son père bien sûr, mais il a été très tôt en Italie. Il a été titulaire des orgues de la cathédrale de Milan. Et après onze ans, il est allé à Londres où il a beaucoup travaillé et il a été très réceptif à tout ce que les capitales européennes de l’époque pouvaient lui commander. Et au fond, cet opéra, c’est vraiment une commande parisienne, sur un livret qui existait et avait été utilisé par Lully un siècle auparavant, mais c’est lui qui a répondu à cette demande car il était très au fait de ce qui se passait dans cette Europe de la fin du XVIIIe siècle qui était une Europe du bouillonnement artistique. »

Quelle est l’importance de ce projet ?

« Ce projet est très important pour nous. L’idée est que nous soyions le facilitateur, ici à l’Institut, entre des musiciens français, tchèques et slovaques qui veulent relever un défi. On mobilise du mécénat pour que ce projet devienne réalité. Et puis, l’idée que l’on fasse un enregistrement qui soit une première mondiale, ça nous plaît beaucoup. C’est une façon de laisser une petite trace dans l’histoire de la musique. »

Quels sont les ensembles qui participent et quels solistes sont invités à cette occasion ?

Philippe Do
« Les deux orchestres, et le chœur, c’est Musica Florea et Solamente Naturali, les deux meilleurs ensembles en République tchèque et en Slovaquie qui travaillent sur instruments anciens. Le chef d’orchestre sera Didier Talpain. Nous avons fait venir cinq solistes français. Comme le texte est en français, il fallait aussi que les solistes puissent manier notre langue avec aisance. Je voudrais en citer deux : Pierre-Yves Pruvot qui a été lauréat du concours international Reine Elizabeth, et Philippe Do, ténor, qui est un habitué de la scène praguoise. »

Comment se passent les répétitions entre la France, la République tchèque et la Slovaquie ?

« Tout le monde vient répéter à Prague. Ensuite tout le monde repart à Bratislava pour donner le premier opéra et ensuite tout le monde revient à Prague pour les répétitions et pour enregistrer. Il y a des voyages qui se font entre Prague, Paris et Bratislava, dans les dix jours à venir. »