L’opération ‘Rhino’ a saisi les trafiquants par les cornes

Photo: CTK

Les autorités tchèques ont arrêté la semaine dernière les membres d'un gang international composé en grande partie de Tchèques. Ces derniers ont chassé le rhinocéros blanc puis importé leurs défenses depuis l’Afrique du Sud. Vingt-quatre cornes ont été saisies pour un montant estimé à 100 millions de couronnes (environ quatre millions d'euros), alors même que le commerce des défenses de cette espèce protégée est interdit. Il s'agit de la plus grande capture du genre en République tchèque.

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Le nom de code de l’opération était un simple ‘Rhino’. La douane et l’Inspection tchèque de l’environnement ont saisi la semaine dernière vingt-quatre cornes de rhinocéros blancs qui devaient être vendues dans un pays asiatique, où ces cornes sont réputées pour avoir des vertus thérapeutiques. Parmi les quinze personnes mis en détention provisoire figurent des Tchèques mais aussi des trafiquants de diverses nationalités, arrêtés par la police tchèque en coopération avec Interpol. Ce mardi, la police tchèque a exposé une partie des objets confisqués lors d’une conférence de presse à Prague. Aleš Hrubý, directeur d’une unité des douanes tchèques explique l’organisation de ce groupe de trafiquants:

« Le gang payait des citoyens tchèques pour qu’ils chassent ces rhinocéros en Afrique du Sud et importent ensuite illégalement ces cornes dans leur pays, officiellement à titre de trophées personnels. Tous les frais liés aux voyages et aux captures ont été financés par des groupes criminels internationaux. »

Le rhinocéros blanc,  photo: Zdeněk Čermák,  ČRo
Le rhinocéros blanc est l’une des espèces animales les plus protégées au monde et est couvert depuis 1977 par la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. L’une des deux sous-espèces de rhinocéros qui habitaient en Afrique australe est aujourd’hui considérée comme éteinte. Les cornes proviennent donc d’Afrique du Sud, le seul pays au monde où il est possible de chasser le rhinocéros, mais seulement à des fins non commerciales. La chasse ne doit avoir pour but que l’acquisition d’un trophée personnel. L’arrivée massive et simultanée d’individus en possession de cornes de rhinocéros a donc alerté les autorités tchèques sur leurs réelles intentions. Jana Zachařová, experte au sein de l’Inspection tchèque de l’environnement, souligne les raisons qui ont conduit à l’organisation de cette opération policière:

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« Les rhinocéros blancs sont classés dans la catégorie animale la plus strictement protégée par la convention CITES, même si la chasse de trophées personnels est tolérée en Afrique du Sud. Nous avons émis la supposition que ces conditions n’étaient pas remplies dans ce cas, et nous avons donc contacté la police. »

Ce n’est pas la première affaire de ce genre en République tchèque. En 2012, une série de vols de cornes de rhinocéros a eu lieu dans différents musées. En mai dernier, le tribunal de Zlín a condamné deux hommes à cinq ans de prison pour trafic illégal de ces défenses provenant d’une espèce animale protégée. Ces cornes sont très appréciées sur les marchés de certains pays asiatiques où elles sont connues pour leurs supposés effets thérapeutiques. La médecine traditionnelle chinoise présente ainsi les cornes de rhinocéros comme un remède à presque toutes les maladies, telles la typhoïde ou l’arthrite, et même comme un soutien face aux mauvais esprits. Jie Huang, reporter du portail d’information chinois CENEWS, évoque l’importance de ces croyances :

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« Bien sûr cela ne concerne qu’une minorité mais des gens croient toujours aux effets guérisseurs de ces cornes et sont prêts à en acheter à des trafiquants tchèques. »

Les trafiquants risquent maintenant une peine allant jusqu’à huit ans de prison, dans une affaire qui souligne également que la République tchèque se montre attachée à la protection du rhinocéros blanc. En 2009, le zoo de Dvůr Králové en Bohême de l’Est a ainsi permis le transfert de quatre membres de cette espèce vers une réserve naturelle au Kenya.