L'usine TPCA tourne à plein régime mais attend toujours des logements pour ses ouvriers
Direction aujourd'hui Kolin, petite ville située à 60 km de Prague, à côté de laquelle est située l'usine TPCA (Toyota Peugeot Citroën Automobile). Une usine qui représente toujours l'un des plus importants investissements étrangers dans la région.
A la fin du mois de février dernier, 157 000 véhicules étaient sortis de l'usine TPCA. Un an après son inauguration, l'usine a atteint sa pleine capacité de production, avec 1050 véhicules par jour, soit environ 25 000 par mois et 300 000 par an. Une production toujours équitablement répartie entre les trois modèles des trois marques différentes : la Toyota Aygo, la Peugeot 107 et la Citroën C1. Des petits véhicules urbains qui se vendent principalement en Europe occidentale ; 99% de la production est exportée et un millier de ces véhicules seulement ont été vendus en République tchèque. TPCA emploie directement 3000 personnes, et plus d'une centaine d'ouvriers interimaires sont recrutés par l'intermédiare d'agences spécialisées. Et les syndicats viennent de s'entendre avec la direction sur la nouvelle convention collective.
Jan Doskocil est le directeur du personnel de TPCA : « Une convention typiquement tchèque porte surtout sur les conditions de travail. Dans notre convention, nous avons à peu près 50 % consacrés aux conditions de travail et 50% concernant les relations entre les syndicats et la direction. C'est important pour la future coopération. Nous avons également les salaires de 7% et le salaire de base de l'ouvrier qui commence dans notre usine : environ 14 800 couronnes. »
Les négociations ont été difficiles avec les syndicats ?
« Non, ce n'était pas une bataille mais une explication sur les possibilités et sur les perspectives. »
La ville de Kolin vous avait promis 850 appartements, et vous en avez reçu moins de 300 jusqu'à présent...
« C'est un problème. Mais on a développé un système de dortoirs. On n'a pas d'autres solutions. Nous devons recevoir le reste des 850 appartements promis, et on aide également les employés avec les prêts hypothécaires - on paye aussi les taux d'intérêt des prêts jusqu'à 200 000 couronnes. »
Quel est le profil type de l'employé de TPCA ?
« On a en CDI environ 150 Slovaques, quelques Polonais, un Turc, un Roumain, et le reste ce sont des Tchèques. Par ailleurs, deux tiers des intérimaires sont des Slovaques, le dernier tiers est composé majoritairement de Polonais. »
On parle beaucoup en ce moment de la potentielle installation d'une usine Hyundai, le constructeur coréen, en République tchèque. Vous craignez cette arrivée ?
« Je ne peux faire de commentaires qu'au niveau des ressources humaines : nous pensons que les conditions chez nous sont assez favorables et nous n'avons pas à craindre une fuite de nos employés vers Ostrava et Hyundai. »
Et vos employés, vous les avez pris chez Skoda ?
« Non, non, ça ne se fait pas. On en a pris quelques-uns naturellement... C'est la loi du marché... Mais on n'a pris que quelques personnes... »
Matej Matolin est le porte-parole de la société TPCA :
« Ici, c'est l'assemblage final, où sont montées aussi bien les Toyota Aygo que les Peugeot 107 et les Citroën C1. Les ouvriers que vous voyez ici travaillent dix heures par jour, quatre jours par semaine. »
Ceux-là ont des problèmes de logement aussi ?
« Pas vraiment des problèmes, mais ils ont besoin de notre aide ; c'est pour ça qu'on a des dortoirs, et on paie une importante partie de ce que cela coûte. »
Vous craignez que le personnel que vous avez formé puisse être recruté par d'autres, par exemple par Hyundai, si le constructeur coréen s'implante ici ?
« Oui, cela peut arriver, vers Hyundai ou ailleurs. Beaucoup d'usines souhaiteraient recruter nos employés. Mais les salaires ici sont excellents... »
M. Doskocil parlait de la nouvelle convention collective en disant que les négociations avaient été plutôt faciles. C'est parce que les syndicats tchèques ne sont pas très hargneux ou parce que réellement vous offrez des conditions avantageuses aux salariés ?
« Je pense que c'est un peu des deux. C'est assez difficile de répondre mais je pense que les syndicats ici sont moins politiques qu'ailleurs... qu'en France par exemple... »
« Il est possible que si Hyundai s'installe en Moravie, certains de nos employés originaires de la région vont souhaiter travailler plus près de chez eux », admet le président japonais de TPCA, Satochi Takae. Les salaires pourraient alors faire la différence. Au terme de la nouvelle convention collective, le salaire moyen des employés de TPCA a augmenté de 7% pour passer à 20 500 couronnes, à peu près 730 euros au cours actuel. Selon les estimations du quotidien HN, le constructeur coréen, s'il se décidait à s'installer en République tchèque, ne pourrait offrir que les trois quarts de cette somme.