Magdalena Kožená au Théâtre national

Magdalena Kožená, photo: CTK

C’est à deux reprises que le public de Prague a eu l’occasion d’entendre, vendredi et dimanche, la voix de la mezzo-soprano tchèque Magdalena Kožená. Cette fois-ci elle a choisi pour son récital des lieder de Gustav Mahler et aussi trois compositeurs français - Berlioz, Massenet et Bizet. C’était une fête de la sensibilité et de l’intensité dramatique.

Magdalena Kožená,  photo: CTK
Il est évident que Magdalena Kožená cherche toujours à élargir ses possibilités d’expression et de mettre en relief de plus en plus l’âme et le caractère des personnages qu’elle incarne. Sa voix, un instrument très efficace, lui permet de donner des traits tout à fait individuels aux héroïnes d’opéra. Ce n’est pas une grande voix mais Magdalena Kožená qui l’a toujours utilisée avec beaucoup d’intelligence, sait en tirer le maximum. Lors de son récital pragois elle a su exprimer avec beaucoup de force la fascination par la mort dans l’air de Cléopâtre tiré de l’opéra du même nom de Jules Massenet et a souligné les accents tragiques dans le célèbre air de Margueritte de «La Damnation de Faust» de Berlioz. Son timbre inimitable a fait merveille aussi dans les lieder de Gustav Mahler notamment dans le celèbre lied "Wo die schönen trompeten blasen". Dommage que l’orchestre Prague Philharmonia sous la direction de Kaspar Zehnder n’ait pas eu plus de retenue et de discrétion, car la riche orchestration malhérienne a couvert, à plusieurs reprises, la voix de la chanteuse.

Magdalena Kožená et Kaspar Zehnder,  photo: CTK
La dernière partie de la soirée a été consacrée à «Carmen» de Bizet. Et Magdalena Kožená a su marquer par sa griffe aussi le personnage de cette Tzigane espagnole. Cette Carmen blonde est aussi séduisante que dangereuse et l’auditeur ne doute pas un seul instant que son amour est un jeu de hasard qui frôle la mort. Dans le célèbre air «Les tringles des cistres tintaient» la chanteuse a déployé en plus un tempérament de feu et une admirable agilité vocale. C’est grâce à un enregistrement réalisé en 2003 pour le label Deutsche Gramophon que nous pouvons nous rappeler cette performance exceptionnelle.