Markéta Pekarová Adamová, la femme politique tchèque qui a brisé « le plafond de verre »

Markéta Pekarová Adamová, photo: ČTK/Kateřina Šulová

Markéta Pekarová Adamová a été élue, dimanche dernier, présidente du parti d’opposition TOP 09, succédant à l’eurodéputé Jiří Pospíšil. Quatrième leader de cette formation libérale conservatrice fondée en 2009, Markéta Pekarová Adamová, 35 ans, est actuellement l’unique femme à occuper le poste de président d’un parti représenté à la Chambre des députés. Par ailleurs, deux autres femmes seulement ont dirigé un parti parlementaire tchèque au cours des trente dernières années. Son élection a soulevé, une fois de plus, la question de la place des femmes en politique en République tchèque.

Markéta Pekarová Adamová,  photo: ČTK/Kateřina Šulová

Dimanche, Markéta Pekarová Adamová était au coude à coude avec son adversaire, le sénateur Tomáš Czernin qu’elle a finalement devancé de quinze voix. Pour beaucoup, elle est censée jouer le rôle de « manager de crise » au sein de son parti, celui-ci étant tombé de plus de 16% des suffrages obtenus lors des élections législatives de 2010 à 5,31% lors du dernier scrutin de 2017. Dans l’opposition depuis 2013, ce parti libéral et pro-européen est représenté par sept membres à la Chambre des députés (sur un total de 200). L’élection de Markéta Pekarová Adamová est-elle donc une manière de revigorer le parti ?

Selon Veronika Šprincová, directrice de l’organisation Forum 50% qui lutte pour la parité hommes-femmes en politique et dans les postes à responsabilité, c’est tout à fait possible. Le phénomène est d’ailleurs connu partout dans le monde, où les situations de crise créent des opportunités pour les femmes, comme l’a expliqué Veronika Šprincová pour la Radio tchèque :

Veronika Šprincová | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo
« Dans une situation difficile et risquée, les hommes ne sont finalement pas nombreux à vouloir prendre des responsabilités. On l’a vu pendant la crise financière, où les femmes étaient tout d’un coup très nombreuses à être propulsées à la direction des entreprises en faillite. La Grèce a adopté des quotas de genre en pleine crise de la dette publique. Et je crois que l’élection de Theresa May est un autre exemple de cette stratégie… S’il arrive qu’une femme haut placée essuie un échec, c’est souvent perçu comme une conséquence de sa faiblesse. On généralise en disant : voilà, on le savait, les femmes ne sont pas aussi compétentes que les hommes. »

Pleine de conviction et d’enthousiasme, Markéta Pekarová Adamová est persuadée de pouvoir décrocher un bon résultat avec TOP 09 aux prochaines législatives de 2021, alors que, selon les récents sondages, son parti aurait du mal à franchir le seuil de 5% des suffrages nécessaires pour accéder à la Chambre basse. Celle-ci ne compte actuellement qu’une quarantaine de femmes députées. Rares sont les partis politiques tchèques qui ont choisi, par le passé, une femme comme leader : cela a été le cas de l’Union de la liberté, un parti disparu depuis, présidé par la juriste et ancienne dissidente Hana Marvanová au début des années 2000, ou encore d’une formation éphémère, LIDEM, dirigée pendant quelques mois seulement par Karolína Peake. On écoute Veronika Šprincová :

« Nous allons voir si l’élection de la nouvelle présidente de TOP 09 aura un impact sur le nombre de femmes inscrites sur les listes de candidats pour les prochaines élections régionales par exemple. Il serait bien aussi qu’une ou plusieurs femmes présentent leurs candidatures à l’élection présidentielle. C’est un sujet qui commence à être beaucoup discuté en République tchèque. Elle peut d’ailleurs s’inspirer de la Pologne, qui a eu plusieurs femmes à la tête du gouvernement et bien sûr de la Slovaquie. »

« Au cours des trente dernières années, la situation n’a pas beaucoup évolué en République tchèque, les femmes représentent ici un cinquième des politiciens et continuent à être sous-représentées en politique. La société tchèque reste conservatrice de ce point de vue. Et puis, les partis politiques tchèques, en tant que tels, leurs processus de nomination, ne sont pas favorables aux femmes. (…) Finalement, ce que je trouve difficile pour les femmes tchèques qui occupent des postes importants en général, ce sont les remarques sur leur physique. Cela dévalorise leur travail. »

TOP 09,  photo: ČTK / Kateřina Šulová
Ainsi, par exemple, le quotidien national Lidové noviny a porté une attention particulière au tatouage, une inscription en arabe, que porte Markéta Pekarová Adamová sur son bras gauche. « Il faut être prêt à ce que tout le monde mette en cause vos compétences, votre rôle social, votre physique », a dit à ce sujet la nouvelle présidente de TOP 09.

Habituée à se battre en politique comme dans la vie, étant la seule de sa famille à obtenir le baccalauréat, puis un diplôme universitaire, et forte de son expérience de volontaire dans des foyers pour enfants au Maroc et en Arménie, Markéta Pekarová Adamová se félicite de représenter « un parti politique moderne ». A la tête de TOP 09, elle veut mettre en œuvre ses priorités parmi lesquelles l’adhésion de la Tchéquie à la zone euro, la protection de l’environnement et la lutte contre l’extrémisme et le populisme.