Martin Stropnický (ANO) : « Pas de crainte à avoir pour la politique européenne de la République tchèque »

Martin Stropnický, photo: ČTK

Ministre de la Défense au sein de la coalition gouvernementale sortante, Martin Stropnický a réagi aux résultats des élections, dans un excellent français, au micro de Radio Prague. Proche collaborateur d’Andrej Babiš au sein du mouvement ANO, Martin Stropnický analyse les raisons de ce succès :

Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Il s’agit bien sûr d’un très bon résultat après l’immense critique de toutes parts dont a été l’objet ANO ces dernières semaines. C’est pour moi une très agréable surprise, car je m’attendais plutôt à 24 ou 25% des suffrages. Cela signifie que les gens ne se laissent pas influencer par la propagande contre notre mouvement et se décident en fonction des résultats du gouvernement, des mairies, etc. Le pays est en effet dans une bonne condition. Il faut le répéter : le taux de chômage est le plus faible en Europe, la croissance économique est de 4,5 %, soit une des meilleures en Europe, la situation sécuritaire est, elle aussi, très bonne (je touche du bois). Il y a bien sûr une certaine crainte au sein de la population parce que tout le monde suit les terribles attaques terroristes qui ont été perpétrées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, etc. Il serait naïf de penser que nous ne sommes pas menacés nous aussi. C’est pourquoi nous avons donc beaucoup investi dans la police, dans l’armée et dans la défense en général, ce qui est aussi un message important adressé à la population. »

Andrej Babiš a souvent été présenté comme « le Trump tchèque » ou le « Berlusconi tchèque » dans les médias étrangers durant la campagne. Que pensez-vous de cette image qu’a Andrej Babiš à l’étranger et des craintes qu’il suscite pour l’UE dans les médias étrangers ?

« Je ne veux pas être critique envers les journaux étrangers, mais j’ai l’impression que leur point de vue sur la situation politique en République tchèque est un peu superficiel. Il faut vivre ici pour comprendre la situation. Je sais que tous les quotidiens veulent économiser et n’ont donc plus de correspondant permanent en République tchèque comme cela était le cas auparavant. Ils lisent les journaux tchèques, viennent passer deux jours ici et font ensuite un rapport sur les élections. Mais ce n’est pas assez. Ils sont très souvent influencés par différents quotidiens tchèques qui constituent leur principale source d’information. Et s’il s’agit d’un quotidien qui ne nous est pas favorable, l’image de M. Babiš est celle d’un dragon. Mais je le répète, c’est un peu superficiel. »

Martin Stropnický,  photo: ČTK
N’y a-t-il donc pas de craintes à avoir pour la politique européenne de la République tchèque ?

« Absolument pas. L’adoption ou non de l’euro est naturellement un dossier sensible, mais il n’y a pas de raison de se prononcer immédiatement. Il est plus important d’avoir une économie saine, de réduire la dette publique et de faire le maximum pour attirer des investisseurs. C’est ce qui se passe actuellement en République tchèque, même si je ne veux pas être trop optimiste non plus. Par ailleurs, en ce qui concerne une coopération européenne plus profonde dans le domaine de la sécurité et de la défense, nous avons été un des premiers pays à soutenir, il y a un an de cela, l’initiative franco-allemande visant à renforcer la défense européenne, qui a été préparée par l’ancien ministre français de la Défense et actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, car nous l’avons considérée comme un projet allant dans la bonne direction. Des résultats seront peut-être présentés dès le sommet des Premiers ministres qui se tiendra à Bruxelles en décembre prochain. »