Même les souris vont au paradis : un film d'animation né entre Barrandov et Annecy
Adapté du roman d’Iva Prochazková, le film d’animation Même les souris vont au paradis n’est pas encore sorti mais est déjà très attendu. Co-production tchéco-française, avec également des participations polonaise et slovaque, ce long-métrage sur l’amitié improbable entre une souris et un renard a été tourné en stop motion à Barrandov, puis post-produit dans trois studios différents. Les producteurs Alexandre Charlet des Films du Cygne et Vladimir Lhoták de Fresh Films ont parlé à Radio Prague International de l’origine et du développement de ce projet au long cours.
Alexandre Charlet : « La première fois que j’ai découvert le projet de Même les souris vont au paradis, c’était à Annecy en 2014, dans le cadre du MIFA, où Vladimir Lhoták était venu le pitcher devant un parterre de professionnels. »
Vladimir Lhoták : « En fait cela fait déjà près de dix ans que je travaille sur le projet avec la réalisatrice Denisa Grimmová et la créatrice principale du design. Pour l’adaptation du livre, nous avons travaillé avec deux scénaristes pour créer la base de l’histoire. Nous avons ensuite présenté le projet à Annecy pour pouvoir continuer sous la forme d’une co-production européenne. »
Cela représente beaucoup de temps…
Vladimir Lhoták : « Il faut dire que cela a été plus long que normalement. D’abord parce que c’est mon premier film d’animation en tant que producteur – même chose pour les réalisateurs Denisa Grimmová et Jan Bubeníček, arrivé sur le projet un peu plus tard. Dans le processus, on s’est aperçu que le sujet demandait vraiment d’autres sources de financement, donc on a dû chercher des partenaires pour pouvoir créer une structure de financement et lancer la production. »
Le processus a été d’autant plus long qu’est arrivée la pandémie. Ce film aurait dû être présenté au festival d’Annecy cette année…
Alexandre Charlet : « Même si les étapes de développement se sont globalement bien passées – la recherche de financement en Tchéquie et en France – c’est vrai que cela a pris du temps, notamment parce que la technique de la stop-motion est un peu particulière et complexe… »
Comment fait-on de la stop-motion (animation en volume en français) ?
Alexandre Charlet : « C’est une technique de prise de vue réelle image par image, en l’occurrence pour ce film c’est de la mise en scène avec des marionnettes dans des parties de décor. Cela peut aussi être de la pâte à modeler. »
« Après toutes les étapes de développement, il nous a semblé assez évident de tourner le film dans les studios de Barrandov, chargés d’histoire, et de faire l’animation 3D et la post-production image/effets spéciaux en France, dans trois régions différentes. »
« La pandémie est arrivée après le tournage, heureusement. Cela a un peu freiné la finalisation de l’animation et des effets spéciaux. Cela nous a contraint à organiser la suite différemment, pour la validation et l’enregistrement de la musique notamment. »
La post-production se termine en ce moment. Quels sont les prochains objectifs pour vous désormais ?
Alexandre Charlet : « Le festival d’Annecy s’est déroulé on-line cette année. Cela a été une grosse tristesse pour nous car ce film est un peu un bébé d’Annecy. Nous nous y sommes rencontrés, puis le festival d’Annecy a présenté le film à Cannes dans le cadre d’’Annecygoes to Cannes’. L’année dernière, le film a été présenté en ‘work in progress’. Assez logique, il aurait dû être en compétition cette année… Donc ça a été une grosse tristesse, même si le festival l’a montré dans la nouvelle section ‘Preview’. »
« Les nouvelles perspectives sont de tenter de le projeter dans d’autres festivals de catégorie A, comme Berlin en février, de sortir le film dans nos pays respectifs, probablement au premier semestre 2021. Et on voudrait voir comment être présents au festival d’Annecy en 2021, peut-être avec une grosse expo des nombreux décors et marionnettes fabriqués pour le film… »
Il y a eu pour le film plus d’une centaine de marionnettes fabriquées…
Vladimir Lhoták : « Oui, une centaine en tout, dont plusieurs pour les deux rôles principaux afin de pouvoir tourner sur plusieurs plateaux en même temps. Nous avons également construit 80 décors environ pour les quatorze mois de tournage sur dix ou onze plateaux en parallèle. »