« Mettre son cerveau à sécher au soleil »
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem milovníkům češtiny Radia Praha! Le 6 mai 1856 naissait à Freiberg, aujourd'hui Pribor, en Moravie, Sigmund Freud, ce fameux médecin autrichien à qui l'on doit l'élaboration de la psychanalyse. Ce vendredi 26 mai, les célébrations du 150e anniversaire de la naissance de l'un des scientifiques qui a le plus influencé la pensée de son siècle ont culminé dans la petite ville de Pribor avec l'ouverture du Musée Freud dans sa maison natale. L'occasion nous est donc offerte de nous plonger non pas dans une analyse de la machinerie cérébrale, mais plutôt dans celle des expressions de la langue tchèque relatives au cerveau - mozek.
Masse nerveuse contenue dans le crâne selon sa définition concrète, le cerveau est aussi et surtout, selon sa définition abstraite, le siège des facultés intellectuelles et mentales, de la pensée et du raisonnement, comme le coeur est le siège des sensations, des émotions, du désir et des sentiments. Et bien entendu, c'est ce sens figuré du cerveau que l'on retrouve dans les expressions imagées et qui fait donc l'objet de notre attention.
Comme en français, « mozek » peut désigner une personne dont on qualifie l'esprit. De Freud, justement, on pourrait dire que c'est un cerveau, un grand cerveau. En tchèque, « mozek » peut également être employé pour indiquer qu'il s'agit d'un organe central de direction. Par exemple, dans les sports collectifs, on entend souvent parler du cerveau d'une équipe, à savoir un joueur qui construit, pense et mène le jeu de ses partenaires, bref un peu comme en anatomie le cerveau supervise le système nerveux.
Mais la plupart des expressions tchèques relatives au cerveau ont une connotation négative et servent à désigner quelqu'un de bête, voire fou, comme si on considérait que notre cerveau doit toujours ou presque être victime d'une défaillance. On pourra ainsi notamment dire d'une personne qu'elle « a le cerveau qui ramollit » - « měkne mu mozek » pour indiquer qu'elle est en train de devenir sotte, stupide. Si la personne en question l'est déjà ou est limitée dans ses raisonnements, c'est qu'il s'agit alors de quelqu'un « avec un cerveau de poule » - « slepičího mozku člověk ». Et admettons, pour justifier le sens imagé de la comparaison, qu'en observant une poule, on s'aperçoit bien vite qu'elle possède effectivement une tête et un cerveau bien petits par rapport au reste de son corps.
Pour celui qui est un peu borné, obtus, lent à comprendre, voire même un peu fou, on pourra avoir recours à l'expression qui veut qu'il ait « un cafard sur le cerveau » - « má švába na mozku ». En fait, cette métaphore pourrait être considérée comme l'équivalent de la populaire et très jolie expression française « avoir une araignée au plafond ». Enfin, toujours à propos de stupidité, mentionnons encore cette expression qui compte parmi nos favorites et qui veut que la personne dont il est question ait « mis son cerveau à sécher au soleil » - « dal si mozek na slunce vysušit ».
Ceci dit, il n'y pas toujours qu'un cafard ou une araignée et les toiles qui vont avec dans nos petites têtes, mais aussi parfois certaines idées et pensées. Dans ces cas-là, il arrive que cela vous « trotte dans la tête ou dans le cerveau » -
Et la lumière fût !, serait-on tenté de dire, mais il est déjà temps de l'éteindre et de refermer ce « Tchèque du bout de la langue » consacré au cerveau - mozek. En attendant de vous retrouver très bientôt, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous et dans vos cerveaux - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !