Les divans des psychanalystes à l'honneur au Centre tchèque du design

Ewa Nemoudry

Ce week-end, Pribor a rendu un hommage international à Sigmund Freud, né il y a 150 ans dans ce bourg morave. A Prague, l'Hôtel de Ville de la Vieille-Ville expose des documents et photographies se rapportant à la vie du théoricien de l'inconscient, ainsi que des objets empruntés des musées qui lui sont dédiés à Londres et à Vienne. Le Centre pragois du design met à l'honneur, quant à lui, les divans des psychanalystes, créés par des artistes tchèques et étrangers - des designers, mais aussi des peintres et plasticiens qui travaillent avec le textile, comme Miroslava Krausova.

« J'avais, à la maison, trois manteaux persans de ma grand-mère. J'ai trouvé dommage de les jeter à la poubelle, alors j'ai décoré avec un lit blanc, tel qu'on le trouve dans les cabinets des médecins. Ca fait penser au divan utilisé par Freud qui fut recouvert d'un tapis persan. »

Jan Fiser a créé un divan de forme ronde, mais tout en fer, sans un seul bout de tissu. « Ce divan répond aux besoins de ses utilisateurs. Il ne cache rien, laisse apparaître son intérieur. Sa forme et simple et en même temps compliquée et... sexy », a expliqué l'auteur. Un divan qui est, malgré son apparence, très confortable, paraît-il. Ivana Dombkova a fait un double divan, pour que le thérapeute puisse, lui aussi, s'allonger. Et pourquoi pas ? Après tout, il est arrivé aussi à Freud de s'endormir au cours d'une séance.

Des divans, mais aussi des broderies sont réunies dans cette exposition. Elles imitent celles que les ménagères au XIXe et au début du XXe siècle aimaient accrocher au mur, en tant que véritables objets d'art et où étaient brodées des recettes de cuisine. En pensant aux bourgeoises qui confiaient à Freud leurs rêves et émotions jusque-là inavouées, la plasticienne Dagmar Subrtova a donc créé des broderies contemporaines : avec des images et propos qui évoquent l'érotisme tel qu'il est vécu et présenté dans les médias aujourd'hui.

Les rêves des femmes sont aussi au coeur d'une installation, concoctée pour cette exposition par la plasticienne polonaise et décoratrice d'intérieurs Ewa Nemoudry. Depuis 25 ans, cette élève du légendaire scénographe tchèque Josef Svoboda, vit et travaille à Prague. Sur son divan est allongée une poupée de taille humaine, en tissu, avec des roses qui poussent sur son corps. Ewa Nemoudry :

« C'est une femme qui dort, qui est en train de rêver. Elle fait de beaux rêves, c'est pour cela qu'ils sont symbolisés par des roses. Je connais des gens qui font de terribles cauchemars, des rêves vraiment catastrophiques. Pas moi. Dans mes rêves, je me promène souvent dans un jardin ou au bord de la mer...Ce que j'aime chez Freud, c'est que même les mauvais rêves peuvent être interprétés positivement. »

Pour terminer, les propos de Martin Mahler qui présidera, pendant les trois prochaines années, la Société de psychanalyse tchèque : « Vivre signifie traverser une passerelle étroite. L'essentiel est de ne pas avoir peur. Tu es là où se trouvent tes pensées. Veille à ce qu'elles soient placées vraiment là, où tu veux être. »

Auteur: Magdalena Segertová
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