Michel Ocelot : « Mon film sur Prague va faire battre les cœurs du public pragois »

'Le pont du petit cordonnier'

Le réalisateur de films d’animation Michel Ocelot est de passage en République tchèque cette semaine. A l’occasion de son invitation au festival Anifest à Teplice, l’Institut français de Prague propose de revenir sur le parcours du réalisateur de Kirikou ou des Trésors cachés à travers une exposition et la diffusion de certains de ses films. Parmi ceux-ci, le court-métrage en ombres chinoises « Le pont du petit cordonnier » ; un conte sur Prague que Michel Ocelot a évoqué au micro de Radio Prague :

Michel Ocelot,  photo: Anifest
« C’est quelque chose de fort et de marquant. J’ai découvert Prague et la Tchécoslovaquie à l’époque du communisme, quand j’étais encore plutôt jeunot. C’était un de mes premiers vrais voyages à l’étranger et c’était impressionnant, parce que le monde était partagé en deux avec l’Est et l’Ouest. Il y avait un rideau de fer et l’autre côté de ce rideau était enfoui sous une chape de ciment soviétique. Ce côté ne semblait plus exister pour l’Occident. Et moi, j’ai traversé ce rideau de fer et suis allé dans un pays communiste. C’était très émouvant, car j’ai découvert que tout existait encore, qu’il y avait une ville d’un charme incroyable avec toute une histoire incroyable. La beauté de la ville, c’est en fait de la dentelle posée sur un charnier fait par les Habsbourg. Mais c’était passionnant. Je voyais, sentais aussi les gens qui ne voulaient pas être soviétiques. Ca se voyait aussi à leurs tenues vestimentaires. J’ai été touché par cette ville. Je me suis dit : ‘c’est tellement beau ! Je ne m’en doutais pas. On ne me l’avait pas dit. Je veux faire un film qui se passe à Prague, qui montre cette architecture et ce pont.’ »

Ce film, un court-métrage, s’appelle « Le pont du petit cordonnier ». Qu’en dire ?

'Le pont du petit cordonnier'
« A l’époque, c’était il y a très longtemps, je ne pensais qu’en court-métrage. Et aujourd’hui encore j’aime beaucoup ce format. Presque une vie après, j’ai tenu la promesse à moi-même et j’ai fait ce film qui célèbre Prague. J’ai mis aussi la musique avec un salut à Dvořák, à Smetana et à Janáček. J’ai pris une légende que j’avais lue dans un livre de contes juifs mais le système apparaît dans d’autres contes. Et voilà, c’est une histoire relativement profil bas mais qui touche les gens. Mais tout ce que je fais est sincère et, en général, les gens sont touchés. Ça part d’un petit village juif, il y a un rêve incroyable et, petit à petit, on se rapproche et on arrive à Prague où il se passe des choses ou il ne s’en passe pas, mais alors il se passe quand même des choses… Mais il y a en tous les cas la fascination d’un pays et j’ai hâte de le montrer au public pragois cette semaine… Je pense que je vais faire battre les cœurs ! »

100 ans se sont écoulés cette année depuis la naissance du cinéaste et marionnettiste tchèque Jiří Trnka, auteur d’une vingtaine de films d’animation, comme « Les vieilles légendes tchèques » ou « Songe d’une nuit d’été »… Des titres qui font penser à certains de vos films. Comme pour vous, le style de Trnka était très lyrique, poétique, et avec des moyens minimalistes. Même si Trnka travaillait avec des marionnettes et vous avec du papier, a-t-il constitué pour vous une source d’inspiration ?

'La main'
« En gros, tout le monde m’a inspiré et je n’ai pas vraiment une sorte d’idole à mettre au-dessus des autres. Mais j’admire énormément Jiří Trnka et je recommande aux gens de se débrouiller pour voir ‘La main’, son dernier film avec toute une histoire terrible. Avec ‘La main’, qui est un film passionnant, prenant et vraiment son meilleur du point de vue cinématographique, il a froidement dit ce qui se passait dans son pays sous le régime communiste. C’est un film qu’il faut voir ! »

Vous pourrez entendre et lire l’intégralité de l’interview que Michel Ocelot a accordée à Radio Prague dans une émission spéciale, le 8 mai prochain.