Milomir Kovacevic : « Après Sarajevo, les lumières du Paris nocturne étaient un choc visuel »
Jusqu’au 30 juillet, la Galerie des critiques au Palais Adria, à Prague, présente les photographies parisiennes du photographe français d’origine serbe, Milomir Kovacevic. L’exposition se déroule dans le cadre du festival Songe d’une nuit d’été qui propose également vendredi un grand concert du réalisateur Emir Kusturica sur les bords de la Vltava. Milomir Kovacevic évoque ses photos de Paris :
Vous avez parcouru Paris avec votre appareil ?
« Oui, au début j’ai commencé en faisant des photos pendant la nuit. »
Pourquoi la nuit ?
« Paris est vraiment une ville de lumière. Il y a quelque chose de spécial. Peut-être est-ce aussi parce que je venais de Sarajevo où il n’y avait pas de lumières, où tout était sombre. Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau, rien du tout… Et arriver ainsi à Paris, c’était magique, la nuit, avec toutes ces lumières. Visuellement c’était un choc. »
Vous rappelez qu’en effet vous veniez de Sarajevo, vous avez notamment photographié la ville de Sarajevo pendant le siège et par la suite aussi. Comment aborde-t-on deux villes aussi différentes et au vécu différent ?
« J’ai photographié Sarajevo aussi bien avant la guerre. Paris, c’est devenu aussi ma vie aujourd’hui. Et je fais toujours mes photos par rapport à moi. »D’ailleurs, il y a un autoportrait de vous dans la ville…
« Oui, dans toute mes séries il y a toujours un petit quelque chose de moi, physiquement. Mais dans toutes les photos de Paris la nuit, il y a certaines traces de la guerre, même s’il faut savoir lire entre les lignes. Ici, il n’y a qu’une cinquantaine de photos et mon histoire avec Paris dure déjà seize ans. »
Avez-vous votre appareil pour photographier Prague ?
« J’ai toujours mon appareil avec moi ! Pour Prague, je n’ai pas beaucoup de temps. Mais j’aime venir ici, je suis déjà venu plusieurs fois. Après Paris, c’est une des villes où j’ai passé le plus de temps. Prague n’a rien à voir avec Paris au niveau des lumières. Mais il y a autre chose : il y a une beauté, une âme un peu slave, un peu Europe centrale. J’aime ça. »
Il paraît que dans votre pays d’origine, vous avez un surnom « Strašni ». En tchèque « strašný » veut aussi dire « terrible ». D’où vous vient-il ?« Il y a une trentaine d’années, j’avais fait un cycle de photos sur les gens qui, sous le socialisme, faisait du ‘travail obligatoire volontaire’… Je ne leur ai pas montré les photos, sauf à la fin. Ils m’ont dit que c’était terrible… Et du coup on m’a appelé ‘le terrible’ et c’est resté. »