Guide tchèque à Paris : « Pourvu qu’ils ne ferment pas tout à nouveau en octobre ! »
Petra Trnková vit depuis 12 ans à Paris, où elle est désormais guide conférencière avec une clientèle majoritairement tchèque. Elle revient sur ces derniers mois très compliqués dans le secteur du tourisme et sur ce que les touristes tchèques ne veulent pas manquer dans la capitale française.
« Je vis depuis 2009 à Paris où j’ai commencé à travailler à l’ambassade tchèque, puis j’ai changé de métier pour devenir guide-conférencière. J’ai un site qui s’appelle ‘Paris sur mesure’. Souvent j’accompagne des particuliers ou des petits groupes. Sinon je propose un itinéraire basé sur mon expérience personnelle que les gens peuvent faire sans moi. »
On sort de bientôt deux années de galère pour tout le secteur du tourisme ; je suppose que cela a été une période difficile pour vous…
« Oui, cela a été une période difficile pendant laquelle tous les acteurs ont été touchés : guides, agences, hôtels, etc. Maintenant cela recommence petit à petit mais cela ne va pas être facile car des hôtels et des agences ont dû mettre la clé sous la porte. »
Espérez-vous pouvoir reprendre cet automne ?
« Oui je vois déjà des personnes qui ont commencé à voyager cet été. A partir de septembre j’ai des clients qui reviennent et des agences qui commencent à opérer. Il va aussi y avoir deux week-ends prolongés (les 28/09 et 28/10 sont fériés en Tchéquie, ndlr) donc j’espère que cela ne sera pas comme l’année dernière quand tout a été fermé à partir d’octobre… »
Qu’est-ce qui attire le plus les touristes tchèques à Paris ?
« Pour tous ceux qui viennent pour la première fois, c’est la Tour Eiffel. Mais elle est de plus en plus difficile d’accès. Elle a été fermée, maintenant elle est préparée pour un changement de couleurs dans la perspective des Jeux olympiques en 2024. Après la Tour Eiffel, c’est Notre-Dame, également en travaux. Et puis les restaurants aussi, de plus en plus de gens veulent goûter la gastronomie et le vin. »
Avez-vous un endroit préféré dans lequel vous n’emmenez pas forcément des touristes ?
« J’aime beaucoup un endroit un tout petit peu éloigné du centre touristique : il y a beaucoup de gens du côté du Louvre mais il suffit de faire quelques centaines de mètres pour trouver le Palais Royal et son jardin que j’aime beaucoup et où vous pouvez vous installer pour manger votre sandwich. J’aime également les passages couverts qui ne sont pas si touristiques. Et puis récemment la Bastille a beaucoup changé avec des rénovations et un nouveau accès jusqu’à la porte de l’Arsenal. C’est une bonne découverte. »
Organisez vous des parcours sur les traces tchécoslovaques et tchèques à Paris ?
« Oui, il y a des touristes de Tchéquie qui après les classiques comme l’Ile de la Cité et la Tour Eiffel veulent se concentrer sur les traces tchèques à Paris. Souvent aussi ce sont les Tchèques qui habitent déjà à Paris. Pour eux, pendant le covid, j’ai organisé des promenades de 2 ou 3h pour découvrir par exemple où a habité Bohuslav Martinů dans le XVIe arrondissement, où se sont mariés Jiří Mucha et Vítězslava Kaprálová ou encore où était le bureau du magazine Svědectví avec une plaque inaugurée par Václav Havel… »
Passez-vous également par le Centre culturel tchèque ?
« Oui c’est vraiment un lieu de rencontre entre Tchèques et Français. Et puis il y a aussi ici une association Sokol, dont je suis membre, très liée au Sokol tchèque. »
Après 12 ans, se sent-on parisienne ou est-ce, comme on le dit, assez difficile de s’intégrer ici en temps qu’étrangère ?
« Ce n’est pas facile de s’intégrer, ça c’est sûr. Il faut du temps pour trouver des amis français et souvent ce sont des gens qui ont eux-mêmes connu l’expatriation ou alors des couples mixtes. »
Comment avez-vous vécu le confinement à Paris ?
« Quand je compare les situations en France et en Tchéquie, on était plutôt content que nos enfants aient pu plus ou moins continuer à aller à l’école. J’espère que les vaccinations vont permettre de ne pas fermer les écoles cet automne… »