Miloš Zeman en Slovaquie, ou quand la bière de Poprad n’est plus qu’un mauvais souvenir

Miloš Zeman et Ivan Gašparovič, photo: CT24

Le président Miloš Zeman a achevé ce vendredi son premier voyage officiel à l’étranger. Comme le veut la tradition depuis la partition, c’est en Slovaquie voisine que le nouveau chef de l’Etat tchèque s’est rendu avec, comme toujours ces dernières années, la volonté de renforcer les échanges entre deux pays dont les relations, ô surprise, sont plus que jamais au beau fixe.

Miloš Zeman et Ivan Gašparovič,  photo: CT24
Miloš Zeman en Slovaquie, c’est d’abord une pique bien sentie restée gravée dans les mémoires. Une petite réflexion qui n’avait alors cependant pas fait rire de la même façon des deux côtés de la frontière. Lorsqu’il était encore Premier ministre à la fin des années 1990, celui qui est depuis devenu le président tchèque avait déclaré que la bière slovaque, et tout spécialement celle brassée à Poprad, dans le nord du pays, était tout juste bonne pour nettoyer les prothèses dentaires. On ignore si Miloš Zeman se basait sur une expérience personnelle pour porter un tel jugement, toujours est-il que treize ans plus tard, c’est un ton beaucoup plus diplomatique qu’il a employé lors de son passage à Bratislava. La partie slovaque elle-même a préféré ne pas jouer la note de la provocation, et outre un service en céramique bleue de Modra, c’est donc un assortiment de vins de la même région qu’Ivan Gašparovič, le président slovaque, a choisi d’offrir à son homologue tchèque. Pas de bière de Poprad donc, comme l’avait suggéré un journal local. Tant pis pour l’anecdote, mais tant mieux pour les relations tchéco-slovaques, même si ce n’est sans doute pas un pack de bière, de qualité aussi discutable soit-elle, qui les aurait assombries, comme l’a confirmé Miloš Zeman :

Miloš Zeman,  photo: CT24
« Je ne suis pas venu en Slovaquie pour mon premier voyage à l’étranger pour respecter la tradition, mais avant tout parce que les relations entre la Slovaquie et la République tchèque peuvent sans exagération aucune être qualifiées d’exceptionnelles. »

Pour ce court déplacement au pied des Tatras, le président tchèque avait emmené avec lui une importante délégation de chefs d’entreprises. Car si les relations politiques entre Prague et Bratislava sont effectivement excellentes et l’amitié tchéco-slovaque n’est pas un vain mot, surtout avec les années qui passent, les échanges économiques, eux, ne sont pas encore optimaux, comme l’a reconnu Ivan Gašparovič :

Ivan Gašparovič,  photo: CT24
« En l’espace de vingt ans, depuis la création des deux Républiques indépendantes tchèque et slovaque, de grandes choses ont été réalisées. On peut dire que 80 % des problèmes que nous avions et qui découlaient de la partition ont été résolus. La Slovaquie occupe aujourd’hui une position reconnue tant en Europe que dans le monde. Avec la collaboration de la République tchèque, nous entendons parvenir à d’autres succès à l’avenir également. Sur le plan international, tant dans le cadre du Groupe de Visegrad que dans celui de l’UE et de l’OTAN, nous voulons intensifier notre coopération. Mais cela vaut également bien sûr pour nos relations bilatérales, nous sommes deux pays voisins qui ont beaucoup de choses en commun. Avec le président Zeman, nous avons donc évoqué les possibilités d’investissements, comme par exemple dans le domaine des transports, de l’énergie ou de la défense. Il y a un certain nombre de priorités que nous pouvons avoir en commun. »

Photo: CT24
Plus concrètement, Tchèques et Slovaques se sont entendus notamment sur leur volonté d’améliorer les infrastructures de transport reliant les deux pays ou encore d’intensifier la coopération de certaines entreprises, par exemple celles spécialisées dans le transport ferroviaire de marchandises. Le rapprochement des armées fait également partie des priorités de Prague et Bratislava, tout comme la collaboration dans le domaine de l’énergie, plus spécifiquement du nucléaire. Bref, autant de projets et de dossiers déjà évoqués dans un passé récent qui pourraient laisser à penser qu’il n’y a donc en somme rien de très nouveau sous le soleil tchéco-slovaque. Mais si ce n’est ce soleil qui brille bien timidement dans la région ces derniers temps, comme le veut l’expression qu’aurait pu reprendre un Miloš Zeman friand de citations et « bons mots » en tous genres, « pas de nouvelles bonnes nouvelles »…