Un sommet (surtout) symbolique des présidents du V4

Le sommet des présidents du V4, photo: ČTK/AP/Jakub Szymczuk

Le président tchèque Miloš Zeman et ses homologues polonais, slovaque et hongrois étaient réunis en Pologne, mardi et mercredi, pour le 30e anniversaire de la fondation du groupe de Visegrád (V4). L’occasion aussi de parler des principaux sujets d’actualité : énergie, économie et situation sanitaire.

Miloš Zeman n’avait plus quitté la République tchèque depuis plus d’un an. Pour son premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie, il s’est donc rendu en Pologne voisine. Fait désormais inhabituel, Andrzej Duda, dont le pays assure actuellement la présidence tournante du V4, avait convié ses homologues à lui rendre visite dans sa résidence sur les bords de la mer Baltique, et tous,  Zuzana Čaputová et János Áder compris, ont répondu présent. Miloš Zeman n’a pas manqué de se faire remarquer dès son arrivée sur la péninsule de Hel, puisque, malgré ses 76 ans, il était le seul officiel à ne pas porter de masque lors du cérémonial d’accueil, organisé il est vrai en plein air.

La fondation du groupe de Visegrád en 1991,  photo: Péter Antall,  CC BY-SA 3.0 Unported

Bien que les thématiques politiques de cette rencontre étaient d’une importance cruciale, entre reprise économique et sécurité énergétique, on retiendra davantage sans doute – et encore – l’image de ces quatre présidents commémorant la création du V4. Ils ont pour cela inauguré une plaque, alors que le 15 février 1991 à Visegrád (petite ville historique du nord de la Hongrie sur le Danube), leurs prédécesseurs Václav Havel, Lech Wałęsa et József Antall, président hongrois de l’époque, signaient sous l’œil des caméras la fondation d’une entente baptisée alors le « triangle de Visegrád ». Ce n’est qu’après la partition de la Tchécoslovaquie que « le club des trois » est devenu « la bande des quatre ».

Andrzej Duda et János Ader,  photo: ČTK/AP/Jakub Szymczuk

Trente ans, c’est parfois long. Et les pays qui sont passés du statut de candidat à celui de membre de l’Union européenne en sont souvent aujourd’hui considérés comme les vilains petits canards. En débit des critiques, le président polonais Duda a qualifié le V4 de « moteur important, sinon clé, de la coopération régionale en Europe centrale » et a précisé que selon lui, il « apporte une contribution significative à la coopération politique au sein de l'UE et de l'OTAN ». De son côté, le président hongrois a qualifié le pari fait il y a trente ans de « réussi » et « couronné de nombreux succès ». Fallait-il y voir là une occasion de se serrer les coudes ? C’est en tout cas ce qu’a laissé penser le porte-parole du président tchèque, Jiří Ovčáček :

Miloš Zeman et Andrzej Duda,  photo: ČTK/AP/Jakub Szymczuk

« Dans son discours, le président Miloš Zeman a mis en avant la solidarité et l’amitié qui règnent au sein des Quatre de Visegrád. Il a souligné, par exemple, qu'il avait défendu à plusieurs reprises la Pologne et la Hongrie, deux pays qui sont constamment la cible d’attaques infondées », écrivait-il dans un tweet.

La conférence de presse qui a conclu le sommet a également été l’occasion pour Miloš Zeman de revenir sur l’une de ses marottes, l’immigration – un thème qui ne figurait pourtant pas au menu des discussions :

« La position commune des pays du V4 a permis d’empêcher la répartition obligatoire des clandestins. Notre refus des quotas a rendu service à toute l’UE. De même, lors des négociations sur le budget européen, la position commune de nos quatre pays a permis de parvenir à un compromis positif pour tous les Etats membres. »

Un sommet symbolique avant tout

Trois tables rondes respectivement sur les trente ans de l’entente, la reprise économique après la pandémie et la sécurité climatique et énergétique figuraient au programme du sommet. Pour tous, les relations avec la Russie constituent bien évidemment un point de tension notable : tandis que la Hongrie ne cache pas sa proximité avec Vladimir Poutine, les Tchèques sont ouvertement en froid avec le Kremlin et réaffirment régulièrement leur attachement à l’OTAN et à l’Europe occidentale. Quant à la Pologne, le poids de l’histoire la fait toujours considérer la Russie comme un agresseur potentiel.

Photo: Archives de la Diète de Pologne

Alors, que retiendront concrètement les Tchèques de cette rencontre ? Sans doute pas grand-chose. Le sujet n’a été traité qu’à la marge par la presse, qui s’est bien plus intéressée au sommet dit « 17+1 », comprendre 17 pays d’Europe centrale, orientale et des Balkans plus la Chine en meneuse de troupes, auquel a participé le président Zeman en début de semaine – depuis la résidence de son hôte polonais. De son côté, le Premier ministre Andrej Babiš s’est rendu en Serbie pour discuter de l’expérience de l’usage des vaccins russe et chinois.

Place désormais à la rencontre entre les chefs de gouvernement des membres du V4. Un groupe qui s’efforcera sans doute d’afficher sa solidarité malgré des divisions entre les quatre pays. Cette rencontre se tiendra à Cracovie à partir du 17 février.