Miloš Zeman ou Jiří Drahoš ? Entre continuité et changement, aux Tchèques de choisir

Jiří Drahoš et Miloš Zeman, photo: ČTK

Miloš Zeman restera-t-il le locataire du Château de Prague pour les cinq prochaines années ou Jiří Drahoš deviendra-t-il le quatrième président de la République tchèque ? Telle est la question à laquelle les Tchèques répondront ces vendredi et samedi à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle. La participation au scrutin pourrait faire pencher la balance en faveur de l’un des deux finalistes. Reste à savoir lequel…

Jiří Drahoš et Miloš Zeman,  photo: ČTK
Il aura certes fallu attendre les dernières heures avant l’ouverture des bureaux de vote, ce vendredi à 14 heures, mais les électeurs tchèques ont enfin eu droit, jeudi soir, à un débat digne de ce nom entre les deux derniers candidats en lice pour l’élection du nouveau chef de l’Etat. Deux jours après le premier duel diffusé sur une chaîne privée dont le déroulement et le contenu ont été critiqués de toutes parts (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/presidentielle-le-premier-debat-de-lentre-deux-tours-tourne-au-combat-de-coqs), la tenue de la seconde de ces confrontations d’idées, organisée par la Télévision tchèque, a confirmé, comme l’ont souligné nombre de politologues mais aussi même de politiques, toute l’importance de l’existence de médias publics indépendants dans un pays, la République tchèque, comme bien d’autres en Europe centrale, en proie au populisme.

Jiří Drahoš,  photo: ČTK
Après les deux quinquennats de Václav Havel, les deux suivants de l’autre grand Václav des années postcommunistes, Václav Klaus, et celui de Miloš Zeman, premier président de la République de l’histoire élu au suffrage universel direct en 2013, les Tchèques doivent donc faire le choix de la continuité ou du changement au Château de Prague. « Zeman, nebo změna » - « Zeman ou le changement », titrait d’ailleurs ce vendredi matin le quotidien économique Hospodářské noviny en s’aidant d’un joli jeu de mots. Tandis que la continuité serait incarnée par un Miloš Zeman réélu, le changement, lui, le serait par Jiří Drahoš. Novice en politique et ancien directeur de l’Académie des sciences, ce dernier, deviendrait, en cas de victoire dans un coude-à-coude entre deux candidats que tout oppose, le quatrième président depuis la partition de la Tchécoslovaquie.

Arrivé en tête au premier tour avec un peu plus de 38 % des suffrages, avec douze points d’avance sur Jiří Drahoš, Miloš Zeman n’est pour autant pas assuré de recueillir la majorité au second tour et de l’emporter. Le report des voix de l’électorat des candidats déçus du premier tour, dont nombreux étaient autoproclamés « anti-Zeman » pourrait profiter à son adversaire.

Miloš Zeman,  photo: ČTK
La participation pourrait donc constituer la clef de ce scrutin au dénouement très incertain. Au premier tour, seuls un peu plus de 61 % des près de 8,5 millions d’électeurs avaient accompli leur devoir de citoyens, un chiffre sensiblement identique à celui du premier tour en 2013. A l’époque, ils avaient été encore moins nombreux (59 %) à se rendre aux urnes pour un second tour que Miloš Zeman, pourtant crédité d’un score relativement faible de 24 % au premier tour, avait finalement remporté assez nettement, avec neuf points d’avance, aux dépens de Karel Schwarzenberg.

Cinq ans plus tard, tout laisse à penser que l’écart entre Miloš Zeman et son « challenger » Jiří Drahoš sera moins conséquent. Et bien malin qui pourrait dire ce vendredi, premier des deux jours de vote, en faveur duquel de ces deux finalistes la balance penchera vingt-quatre heures plus tard et, au-delà encore, jusqu’en 2023.