Miloš Zeman présente son projet politique à l'Assemblée, Karel Schwarzenberg s'endort

Miloš Zeman présente son projet politique à l'Assemblée, Karel Schwarzenberg s'endort, photo: CTK

Avant d’ouvrir ses portes à un public nombreux à l’occasion des commémorations du 8 mai, la Chambre des députés tchèque a accueilli mardi 7 mai un visiteur moins anonyme. Le président Miloš Zeman est venu présenter son projet politique aux députés tchèques et en a profité pour attaquer directement son vieil ennemi Karel Schwarzenberg, ce jour-là apparemment très fatigué.

Miloš Zeman présente son projet politique à l'Assemblée,  Karel Schwarzenberg s'endort,  photo: CTK
C’est devant l’ensemble des députés tchèques et du gouvernement que s’est présenté un Miloš Zeman comme toujours très éloquent et engagé. On le savait depuis son élection, le nouveau président n’a aucunement l’intention d’être en retrait. Fort de son élection au suffrage universel direct, il entend bien peser sur la politique tchèque et a demandé pour cela le soutien des députés tchèques, élus et appelés comme lui à résoudre les difficultés du pays :

« Je souhaite un dialogue amical et durable entre la Chambre des députés et le président de la République, et je souhaite voir présent l’avis de chacun dans les discussions qui formeront ce dialogue. Je crois que la société tchèque fait face actuellement à trois grands problèmes. Le premier de ces problèmes est la corruption et la décomposition généralisée des secteurs privés et publics. Le deuxième est l’augmentation du chômage et enfin, le troisième problème est celui de la baisse de la confiance dans les institutions étatiques, y compris dans la Chambre des députés. »

Le Président entend notamment s’attaquer, conjointement avec le gouvernement et le Parlement, à ce qui est pour lui « le plus grand ‘tunnel’ de l’économie tchèque », c’est-à-dire la plus grande escroquerie : le marché de l’énergie solaire et la fiscalité qui l’entoure, un gouffre financier qui aurait coûté déjà plusieurs centaines de milliards de couronnes à l’Etat tchèque. Miloš Zeman compte visiblement sur les députés pour suivre attentivement chacun de ses conseils concernant la politique, l’économie et la législation du pays, autant qu’il promet d’écouter les leurs. Sans surprise, le président du groupe parlementaire social-démocrate, parti que Miloš Zeman avait quitté en claquant la porte mais qui l’avait néanmoins soutenu pendant sa campagne, s’est réjoui de ce discours :

« Je suis persuadé que les rencontres entre le Président et la Chambre des députés seront durables et pleines de succès car nous sommes décidés à trouver un consensus dans nos rangs. Nous avons eu la volonté et nous avons été capables de discuter de certains sujets particuliers. »

Sans surprise également, Miloš Zeman a critiqué la politique du gouvernement et a pris le temps de développer son projet en ce qui concerne la diplomatie étrangère du pays. Il en a d’ailleurs profité pour attaquer personnellement le ministre des Affaires étrangères avec lequel il est en conflit depuis plusieurs semaines sur la question des nominations des ambassadeurs :.

Miloš Zeman et Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
« Il y a un débat qui n’est pas constructif et je suis bien placé pour le savoir : il s’agit du débat entre moi et le ministre des Affaires étrangères. J’ai considéré comme important de rencontrer le gouvernement afin de définir la politique étrangère car il est insensé que notre pays ait deux ou trois politiques étrangères différentes. Il n’y a pas de politique étrangère du président, du gouvernement et sûrement pas de politique étrangère du ministre des Affaires étrangères. J’ai demandé amicalement au ministre des Affaires étrangères son aide afin de résoudre la question des nominations et je regrette que jusqu’à maintenant aucun changement n’a été accepté. »

Des propos que Karel Schwarzenberg a accueillie avec le sourire, lui qui s’est comme cela lui arrive parfois, offert une petite sieste pendant le discours. Selon lui, Miloš Zeman n’a visiblement pas conscience d’outrepasser son rôle :

« C’est assez amusant. En fait, personne du bureau présidentiel ne l’a prévenu qu’aucune de ses priorités n’est dans les compétences du président de la République. »

Les députés du parti TOP 09, dont Karel Schwarzenberg est le président, ont, eux, jugé les attaques du chef de l’Etat suffisamment déplacées pour leur faire quitter la salle. Le numéro 2 du parti, le ministre des finances Miroslav Kalousek, déclarant que face à ces invectives, ils avaient « mieux à faire ».