Moins de beuveries et plus de culture, Prague souhaite attirer un autre type de touristes

Après la crise du Covid-19, les touristes sont de retour à Prague. Mais alors que la pandémie a permis à beaucoup de Pragois de redécouvrir les charmes de la ville sans les inconvénients de la présence des foules, la question se pose désormais de savoir comment faire en sorte d’attirer une clientèle étrangère moins nombreuse mais tout aussi dépensière et plus intéressée par l’offre culturelle et gastronomique que par les bars et restaurants bon marché. 

Qu’est-ce qui intéresse les touristes étrangers lorsqu’ils séjournent à Prague ? Son architecture, ses monuments historiques, ses musées, ses parcs et jardins, son zoo ou plutôt sa bière bonne et encore relativement bon marché, comme ses bars, restaurants et autres discothèques ? C’est la question à laquelle la société Prague City Tourism a voulu répondre en commandant, auprès de l’Académie des sciences, une étude portant sur les différences de comportement et de motivation des touristes en fonction de leurs pays ou de leurs régions d’origine.

Si les auteurs de l’étude en question en sont arrivés à la conclusion que c’est un peut tout cela à la fois qui les intéresse, il n’en demeure toutefois pas moins qu’aux yeux de beaucoup, Prague garde encore la réputation d’être d’abord une destination bon marché où il reste possible de boire et faire la fête sans se ruiner. Une réalité dont est bien conscient Tomáš Kostelecký, sociologue chargé de présenter les principaux enseignements de l’étude :

Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

« Pour certaines catégories de touristes, c’est une évidence. L’activité tristement célèbre qui consiste à faire la tournée des bars le temps d’un week-end relève par exemple davantage des touristes britanniques qu’asiatiques, mais nous n’avions pas besoin d’une étude pour le savoir. Ce type de tourisme pose toutefois problème à la ville de Prague et c’est pourquoi elle souhaite faire évoluer les choses de manière à privilégier la qualité à la quantité. Autrement dit, le but est d’attirer davantage de touristes intéressés par l’offre culturelle, qui passeront moins de temps dans les bars et restaurants et seront moins bruyants pendant la nuit. Une clientèle qui prend le temps de visiter, qui en a aussi les moyens, et qui, au bout du compte, dépense aussi davantage. »

Si les chiffres ne sont pas encore revenus au niveau de 2019, avant donc les confinements liés à la pandémie de Covid-19, l’industrie du tourisme a indéniablement retrouvé une dynymique positive à Prague, et même plus généralement en République tchèque. En 2022, Prague a ainsi de nouveau accueilli près de 6 millions de visiteurs.

Cependant, les touristes étrangers dépensent moins à Prague que dans d’autres villes européennes. En 2019, ils n’y ont laissé « que » 5,6 milliards de dollars, soit deux fois moins par exemple qu’à Amsterdam, ville de taille et à l’attrait comparables à ceux de la capitale tchèque.

Après avoir découvert tous les inconvénients du tourisme de masse, la ville de Prague entend donc adapter son offre en fonction des pays d’origine de ses visiteurs. Tomáš Kostelecký précise comment :

Mémorial des parachutistes tchèques | Photo: VHÚ

« Les Britanniques, par exemple, pourraient en apprendre davantage sur les parachutistes tchèques qui se sont entraînés en Grande-Bretagne avant de participer à l’attentat contre le protecteur de Bohême-Moravie Reinhard Heydrich pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est indéniablement quelque chose de très intéressant dont beaucoup de Britanniques n’ont aucune idée. »

Sans grande surprise, l’étude a également révélé des différences dans les motivations des touristes asiatiques, toujours très nombreux, et européens lorsqu’ils sont de passage pour quelques jours à Prague. Mais là aussi, toujours selon Tomáš Kostelecký, Prague doit être en mesure de proposer une offre adaptée à tous les types de touristes, quelque soit leur pays d’origine :

Pâques à Prague | Photo: Juan Pablo Bertazza,  Radio Prague Int.

« Bien sûr, il est plus facile de trouver des traits culturels et des points historiques communs entre Tchèques et Allemands, à travers par exemple Franz Kafka qui écrivait en allemand,  qu’entre Tchèques et Coréens ou Chinois. Mais nous avons beaucoup de fêtes et de traditions originales comme à Pâques, durant la période des carnavals ou à l’approche de Noël qui sont susceptibles de les intéresser eux aussi. Nous pouvons donc les inviter à venir à Prague en leur disant qu’ils y découvriront et y ferons l’expérience de quelque chose qui se rapproche de leur culture orientale traditionnelle et qu’ils connaissent donc mais qui se vit d’une manière complétement différente. »

À terme, Prague City Tourism utilisera également les résultats de cette étude « scientifique » pour un site Internet et une application qui serviront de guide personnalisé. Leur contenu variera en fonction du lieu d’origine des touristes et de leurs centres d’intérêt. L’application sera disponible pour les visiteurs des dix pays les plus nombreux à Prague, y compris donc en français.