Mon coin de Prague : Ďolíček, le stade des Bohemians 1905

Le stade Ďolíček, photo: Kristýna Maková

L’automne approche à grands pas mais la série estivale de Radio Prague ne se rend pas. L’épisode du jour sera sportif – consacré à l’un des temples du ballon rond de la capitale tchèque. Situé dans le quartier de Vršovice, le stade du club des Bohemians est appelé Ďolíček, réputé autant pour son histoire que pour la ferveur de ses supporters. C’est le coin de Prague choisi par le Français Martin Michelot, chercheur en relations internationales.

Le stade Ďolíček,  photo: Kristýna Maková
« J’ai choisi cet endroit parce que c’est un endroit qui est empreint d’histoire et qui a une vraie ambiance. C’est un petit stade avec des petites tribunes, avec aussi les balcons des immeubles voisins qui donnent sur le stade. On peut voir les jours de matchs les gens regarder de ces balcons en sirotant une bière. Et puis c’est le club historique de la ville de Prague, avec une longue liste de politiques qui sont fans des Bohemians. C’est un club qui représente vraiment quelque chose et c’est le seul club au monde qui a pour logo un kangourou ! »

En aviez-vous déjà entendu parler avant d’arriver à Prague ?

« Oui, je suis un grand fan de foot et avant d’arriver à Prague j’avais regardé un peu quelles étaient les options. Forcément, un club dont le logo est un kangourou intéresse un fan de foot. Et quand j’ai su que je venais à Prague et ai dû décider quel club j’allais suivre le plus, les Bohemians ont vite été un choix naturel. Même si le club joue en vert, et qu’étant un supporter lyonnais inconditionnel j’ai eu un peu de mal à m’y faire, mais on y arrive ! »

On ne peut pas parler de ce stade et de ce club sans parler d’Antonín Panenka…

« C’est vrai que quand je dis à mes amis que je suis supporter des Bohemians, je leur rappelle que c’est le club de Panenka. En effet c’est un joueur mythique tchécoslovaque. Mais chaque club a son joueur mythique ici, sauf le Slavia peut-être… »

Et c’est donc ici qu’il s’est entrainé à tirer son pénalty en feuille morte avant de donner son nom à cette manière de tirer très particulière. Il y a une autre particularité ici : un public exceptionnel…

« Absolument, c’est pour ça que je me fais un plaisir de venir ici, ayant grandi à Lyon et un peu fréquenté les tribunes chaudes. Je suis toujours content de voir l’animation dans les tribunes, les gens qui chantent, les grands tifos et le soutien inconditionnel pendant 90 minutes. Même quand certains matchs sont un peu ennuyeux les gens continuent à chanter et on sent qu’on fait partie d’une communauté. »

Et puis sans débordements et sans extrême-droite et sans côté raciste, contrairement à ce qui peut se passer dans les autres clubs de la capitale…

Le stade Ďolíček | Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.
« C’est vrai que c’est un club qui est identifié à gauche, voire à l’extrême gauche. On dit même que c’est le plus grand club antifasciste de Prague, avec une vraie tradition de supporterisme lié à la gauche. »

Avec devant nous d’ailleurs des autocollants « Antifa »…

« Exactement, et si vous allez dans les coursives du stade vous verrez des autocollants des clubs amis des Bohemians, dont le fameux Sankt Pauli de Hambourg, peut-être le plus grand club du monde identifié antifasciste. Il y a cette tradition d’amitié avec ces autres clubs qui sont liés politiquement et je trouve ça très sympa de voir cette histoire, qui est aussi européenne, s’écrire en République tchèque. »

Et les supporters des Bohemians se sont aussi forgé une réputation en sauvant leur club grâce à un pot commun.

« C’est incroyable. Le seul autre club du monde que je connaisse qui ait fait ça récemment c’est le Panathinaikos à Athènes. Cela leur a permis de survire, de continuer à jouer dans ce stade historique, de racheter les droits d’utilisation du logo des Bohemians acquis pendant un temps par un club ennemi du quartier de Střížkov. Donc ça montre la passion, la ferveur des fans et la popularité croissante du club. »

Le stade Ďolíček,  photo: ŠJů,  CC BY-SA 3.0 Unported
Ça ne suffit pas toujours pour que les résultats suivent ; le début du championnat n’est pas terrible pour la Bohemka…

« Une défaite et quatre nuls… Il y a encore à s’améliorer. Mais si c’est comme la saison dernière, elle avait aussi très mal commencé mais ils avaient finalement réussi à terminer dixième du championnat, bien loin de la zone de relégation. Bon ce n’est pas cette saison qu’ils vont jouer le titre ou des places européennes, mais il y aura quand même de beaux matchs à voir. Lors du dernier derby contre le Dukla, le gardien des Bohemians a même égalisé dans le temps additionnel, donc il y a de la ferveur ! »


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