Mortalité en Tchéquie : des disparités régionales, de la radioactivité et de la slivovice

L'espérance de vie en Tchéquie peut être liée à son lieu de résidence. Selon une étude du site d'information de la radio publique iRozhlas.cz, les habitants de l'ancienne région des Sudètes peuvent s'attendre à mourir relativement tôt, alors que certaines maladies sont plus fréquentes dans des régions spécifiques.

L'auteur de cette étude, le journaliste Jan Boček, est d’abord revenu sur les différences entre les chiffres en Tchéquie et ceux de pays situés plus à l’Ouest :

Jan Boček | Photo: Khalil Baalbaki,  ČRo

« Trois décennies après la chute du communisme, si vous regardez les données sur l'espérance de vie, vous pouvez encore voir une différence entre les pays occidentaux et les pays de l'Est. Et si l'on examine les données en détail, on s'aperçoit que la ligne qui divise ces pays suit presque exactement l'ancien rideau de fer. Par exemple, en Bohême du Sud, l'espérance de vie est de 78 ans, alors qu'en Allemagne, en Bavière, elle est de plus de 80 ans. La limite est encore bien présente. »

Mortalité en République tchèque: différence d'espérance de vie entre les pays occidentaux et orientaux à cause du rideau de fer | Source: Jan Boček,  iROZHLAS.cz

En Tchéquie, quels sont les meilleurs endroits où vivre si l'on veut avoir une vie plus longue ?

« Une vie longue et saine plutôt... Il s'agit des grandes villes qui combinent des populations éduquées et riches avec une bonne distance des hôpitaux bien équipés. Les meilleurs endroits sont donc les grandes villes et les banlieues de ces villes. »

Et vous écrivez que l'un des pires endroits est l'ancienne région des Sudètes, principalement en Bohême de l’Ouest.

« Malheureusement, oui. La Bohême de l’Ouest et la Bohême du Nord septentrionale. Ces districts sont Louny, Most, Teplice, Bruntál, Sokolov - des noms qui apparaissent encore et encore dans d'autres analyses, concernant la pauvreté ou les problèmes d'éducation. »

Radioactivité à l'Ouest, Slivovice à l'Est

Vous indiquez également qu'en Bohême occidentale, il existe un taux relativement élevé de certains cancers liés à la radioactivité de la roche dans cette partie du pays (roche dont Marie Curie a isolé du radium pour la première fois).

Jáchymov | Photo: Klára Stejskalová,  Radio Prague Int.

« Ce que nous savons, c'est qu'il y a un écart entre la Bohême et la Moravie en ce qui concerne les néoplasmes : la partie occidentale de la Tchéquie a un taux plus élevé de cancers. Il peut y avoir d'autres raisons à cela, mais l'une d'entre elles est le sous-sol radioactif qui se trouve dans l'Ouest de la Bohême. Mais il peut y avoir d'autres raisons, comme le mode de vie, en particulier dans le nord de la Bohême, ou l'environnement. »

À l'autre bout du pays, vous concluez que l'alcool est un facteur de mortalité en Moravie orientale...

Photo: Filip Jandourek,  ČRo

« Je pense que c'est le cas. Vous avez un taux de mortalité plus élevé lié au système digestif et un taux de mortalité plus élevé pour les décès externes, comme les morts violentes, les suicides ou les accidents tragiques - qui peuvent être causés par l'alcool. Aux États-Unis, il y a la Bible Belt, alors nous avons décidé d'appeler cette partie de la Tchéquie la Plum Brandy Belt, la ceinture de la slivovice, de l’alcool de prune ».

Vous écrivez également que la structure de la mortalité en Tchéquie pourrait indiquer des moyens d'améliorer la situation. Comment les données peuvent-elles être utiles à cet égard ?

Ostrava | Photo: František Tichý,  ČRo

« La première étape pour résoudre ces problèmes consiste à identifier ce que sont ces problèmes. Par exemple, cette ceinture orientale de la slivovice est un problème que nous connaissons, et cette analyse montre clairement qu'elle existe réellement et qu'elle est forte. Une autre région dont nous savons qu'elle a des problèmes est celle des régions du nord ou des Sudètes. Il y a aussi, par exemple, la région autour d'Ostrava, où l'environnement est mauvais, notamment en ce qui concerne la qualité de l'air. Et, lorsque nous connaissons les problèmes, c'est la première étape pour commencer à les résoudre. »