MotoGP : les 90 bougies du circuit de Brno qui attend le phénomène Quartararo

Le circuit Masaryk de Brno, photo: Hopfenbart, CC BY-SA 3.0

Ce dimanche 9 août, le circuit Masaryk de Brno accueillera le 51eme Grand Prix Moto de son histoire. La République tchèque peut se targuer d’organiser une des plus anciennes courses de moto dont l’histoire est aussi vallonnée que son circuit.

Si le Grand Prix Moto se tient à Brno pour la 51eme fois ce weekend, le circuit Masaryk, lui, souffle cette année ses 90 bougies. Sous l’impulsion d’Eliška Junková, légende tchèque des courses automobiles, une épreuve est créée  au siècle dernier en Tchécoslovaquie. Le premier tour de piste s’effectue à côté de la ville en plein essor de Brno, à l’occasion de la Saint Venceslas en 1930. Le circuit est nommé en hommage au premier président tchécoslovaque : Tomáš G. Masaryk.

La construction du circuit Masaryk en 1930,  photo: Site officiel d’Automotodrom Brno

L’épreuve est alors longue de plus de 29 kilomètres sur des routes ordinaires de la forêt avoisinante. Les voitures enchaînent sur leur passage différents revêtements de sol : de l’asphalte, du béton et même des pavés. Un enchaînement périlleux, mais les pilotes apprécient la difficulté du parcours dans cette région montagneuse  aux alentours de Žebětín.

Après un arrêt en 1938 pour raisons historiques, les courses reviennent à Brno après-guerre, dans un circuit réduit de près de moitié, en 1949. Cette année de reprise est marquée par l’absence de nombreux pilotes occidentaux ne traversant pas le rideau de fer - et par un drame. Perdant le contrôle de sa Maserati, l’Italien Giuseppe Farina quitte la piste et provoque la mort de deux spectateurs.

L’année suivante sont lancées sur la piste ce qui fera la renommée du circuit : les motos. Cela fait du circuit Masaryk une des plus anciennes course de moto en Europe. Il faudra cependant attendre 1965 pour que le Grand Prix de Tchécoslovaquie fasse partie des courses pour le championnat du monde de la catégorie. Il bénéficie également dans les années 1960 du fait que les courses automobiles soient considérées bourgeoises par les autorités communistes. Le circuit Masaryk devient donc le terrain de jeu unique des motos pendant quelques années avant un retour aux normes.

Le tracé est continuellement réduit jusqu’en 1982, quand, la configuration du circuit ne répondant plus aux normes de sécurité, Brno est retiré des courses de Moto GP. Une piste fermée de 5,4 kilomètres entre en construction à l’intérieur du circuit original de 1930 et sera effective en 1987. L’épreuve revient immédiatement au calendrier des Grands Prix et n’en sortira qu’en 1992, au moment de la scission entre la Tchéquie et la Slovaquie.

Le circuit Masaryk de Brno,  photo: Lutz H,  CC BY 2.0 DE

Depuis 1993, le Grand Prix de République tchèque se déroule chaque année. Mais son organisation a été menacée par les difficultés financières du circuit. Une passe d’armes régulière, sur plusieurs années, a eu lieu entre la direction du circuit et le gouvernement, qui ne souhaitait plus investir dedans malgré sa popularité. On écoute Ivana Ulmanová, directrice de l’automotodrome de Brno, en charge de l’organisation de la course, dans un entretien datant de 2012.

Ivana Ulmanová,  photo: ČT

« Tous les résultats des enquêtes commandées par diverses institutions pour savoir quelles sont les retombées réelles du Grand Prix confirment que celles-ci sont extrêmement favorables. Il y a d’abord le retour sur investissement qui est très important, mais aussi des retombées positives en termes de promotion tant de la République tchèque que de Brno et de sa région. »

En 2015, la société espagnole Dorna Sports, détentrice des droits commerciaux de la Moto GP, a signé un contrat de cinq ans avec la ville et la région où se tient la course. Cela a grandement facilité la vie de l’équipe en charge de son organisation. Le contrat, prenant fin cette année, était censé être renouvelé en juin. Mais, entre l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie du circuit, estimé à plusieurs dizaines de millions de couronnes selon Ivana Ulmanová, et une modification de la piste réclamée par Dorna, estimée à 80 millions de couronnes, les ennuis financiers sont de retour au circuit Masaryk. Son avenir est encore loin d’être garanti.

D’autant que cette année, la course devra se dérouler sans public dans les tribunes naturelles érigées grâce aux plus de 73 mètres de dénivelé, chose rare pour une épreuve du genre. Le Grand Prix de République tchèque pouvait se vanter d’une des plus grandes affluences de ce sport. Les spectateurs étaient au nombre de 240 000 l’an dernier.

Les 14 virages et 5 lignes droites offrent une course spectaculaire - en témoignent il y a deux ans l’opposition entre Jorge Lorenzo et Andrea Dovizioso, à l’avantage de ce dernier, ou encore la rivalité sur le circuit entre Valentino Rossi et Max Biaggi en 2002, qui a vu au terme d’une épreuve haletante l’abandon du premier et la victoire du second. Avec 7 titres chacun, les deux pilotes italiens sont les plus titrés à Brno, toutes catégories confondues.

Après avoir terminé septième pour sa première en Moravie au sein de l’élite l’année dernière, le jeune pilote français Fabio Quartararo va tenter d’asseoir son avance en tête du championnat suite à ses deux victoires lors des deux premières courses de la saison.