Nid de cigognes: Andrej Babiš de plus en plus menacé par un procès

Andrej Babiš, photo: Filip Jandourek, ČRo

La police tchèque a recommandé mercredi l'ouverture de poursuites judiciaires à l'encontre du Premier ministre Andrej Babiš dans le cadre de l’affaire du « Nid de cigognes », une affaire de fraude aux subventions européennes.

Andrej Babiš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Cela fait des mois que le Nid de cigognes, un complexe touristique plutôt luxueux, fait les gros titres de la presse tchèque. L’affaire remonte à une décennie, quand le businessman milliardaire Andrej Babiš n’était pas encore entré en politique.

Un montage financier lui aurait permis de ne pas figurer en tant que propriétaire de l’endroit et de toucher 2 millions d’euros de subventions européennes normalement destinées aux PME.

« L'enquête de police est terminée et (...) il est recommandé de poursuivre toutes les personnes mises en examen par la police », a déclaré mercredi le porte-parole du procureur de Prague.

Outre le chef du gouvernement, cette recommandation concerne son épouse, sa fille et trois des employés du groupe agro-chimique Agrofert qu’il a fondé.

Selon Andrej Babiš, « il s’agit d’une conspiration et d’une affaire politisée ».

Tous les yeux sont désormais tournés vers le procureur Jaroslav Šaroch, qui doit se prononcer sur l'ouverture d'une éventuelle procédure judiciaire. « Personne n’aimerait être à la place de Šaroch en ce moment, mais si les enquêteurs ont rassemblé assez de preuves solides, comment pourrait-il de manière crédible se prononcer contre une procédure judiciaire ? », se demande l’un des commentateurs de la radio publique tchèque, qui ajoute que si procès il y a, cela pourrait durer des années.

Pour le Premier ministre tchèque et ainsi que le décrivait si bien un ancien président français, cela semble voler en escadrille, puisque ses affaires sont aussi scrutées à la loupe à Bruxelles, où la Commission européenne doit rendre dans quelques semaines ses conclusions sur ses potentiels conflits d’intérêts.

Du côté de l’opposition, le parti des Pirates a demandé par écrit à l’eurocommissaire Günther Oettinger de rendre publiques ces conclusions le plus rapidement possible. « Si nous ne les obtenons pas début mai, nous serons contraints de porter cette affaire devant la Cour européenne de justice », a indiqué le président des Pirates Ivan Bartoš.