Gorbatchev et Havel, ou la relativité du temps
Les temps ont bien changé. Dernier exemple en date, ce samedi, avec la visite rendue par Vaclav Havel au pape Jean-Paul II. Et pourtant... Et pourtant, il y a encore de cela à peine quinze ans, Mikhaïl Gorbatchev était en visite à Prague. Retour sur un événement qui, à l'époque, remplit les Tchécoslovaques de déception.
Une foule pragoise enthousiaste avait accueilli le futur premier, bien qu'également dernier, président de l'Union soviétique. Un comportement loin de plaire au régime tchécoslovaque alors en place. Car, et c'est bien la raison pour laquelle Gorbatchev se trouvait si attendu au tournant, toute critique émise de sa part sur le passé aurait pu faire vaciller l'élite communiste au pouvoir. Las, comme il le confessa plus tard, Gorbatchev estima que le contexte politique ne se prêtait pas encore à toute déclaration sur l'intervention des forces alliées du pacte de Varsovie en 1968 en Tchécoslovaquie.
Mais ce sont quand même bien les réformes de Gorbatchev qui, pour partie non négligeable, entraînèrent l'effondrement des régimes communistes en Europe. En 1990, pour avoir mis fin, l'année précédente, avec le président américain George Bush, à la Guerre froide, il reçut le prix Nobel de la paix. En 1999, il revint de nouveau à Prague où, en compagnie d'autres personnalités politiques de la fin des années 80, il se vit remettre par le président Havel la plus haute distinction honorifique qui soit en Tchéquie, l'Ordre du lion blanc. Un Havel qui, dissident et croisant par hasard Gorbatchev lors de sa visite à Prague en 1989, confia: " Je lève timidement la main et lui fais un signe pour le saluer". Tout n'est-il pas relatif?