Le 60e anniversaire de l'attentat contre le protecteur du Reich, Heydrich
60 ans se sont écoulés, le 27 mai, depuis l'attentat contre le protecteur du Reich, Reinhard Heydrich, installé par Hitler au protectorat de Bohême-Moravie avec la mission de régler une fois pour toutes la question tchèque. L'attentat de Heydrich fut le plus grand acte de la résistance européenne. Nulle part ailleurs en Europe occupée, un si haut représentant nazi n'a été liquidé.
Les préparatifs de l'attentat ont commencé en décembre 1941. Sept parachutistes tchécoslovaques, membres du groupe Antropoid, ont été parachutés à l'est de Prague. C'était en octobre 1941, à Londres, où il a été définitivement décidé de l'attentat contre Heydrich, le troisième homme de la hiérarchie nazie. On ne saura probablement jamais qui a donné l'ordre direct à l'accomplissement de cet acte. Au lendemain de son arrivée en fonction de protecteur, le 27 septembre 1941, Heydrich a décrété l'état d'urgence et créé la Cour martiale dont les verdicts étaient irrévocables. 489 Tchèques ont été condamnés à mort, 1637 déportés en camps de concentration. La population juive a été la plus touchée: 5000 personnes ont été déportées dans des ghettos. Le mercredi fatal du 27 mai 1942, avant 11 heures, la voiture de Heydrich, une Mercedes, apparaît au virage de la rue Kirchmayer, dans le quartier de Kobylisy. L'un des résistants parachutés, Josef Gabcik, a voulu ouvrir le feu, mais son mitrailleur - un stengun - a raté. Jan Kubis a sauvé la situation dramatique, en lançant une bombe contre la voiture. Heydrich, grièvement blessé, meurt le 4 juin. L'écho de l'attentat fut énorme. Il a contribué d'une manière décisive à ce que le gouvernement britannique reconnaisse son erreur en avoir signé l'accord de Munich. Jan Masaryk, ministre des Affaires étrangères, a pu annoncer, le 5 août 1942, que pour le gouvernement anglais, l'accord de Munich n'existait plus. Hélas, les auteurs de l'attentat, ayant trouvé un abri dans la crypte d'une église orthodoxe, rue Resslova, n'ont jamais appris de cette victoire politique. Retrouvés, puisque trahis par l'un de leurs anciens collègues, ils ont succombé suite à une lutte inégale, le 18 juin. Mais encore auparavant, le 10 juin, les nazis ont rasé le village de Lidice, fusillé tous les hommes, déporté les femmes dans des camps de concentration et entraîné les enfants au Reich aux fins de leur germanisation. Les représailles instaurées par Heydrich étaient particulièrement dures. Toutefois, lui-même n'était pas convaincu d'avoir réussi à étouffer la résistance. Il disait que les Tchèques sont comme l'herbe: ils s'inclinent devant la menace, pour redresser à nouveau la tête. La résistance tchèque lui est devenue, en effet, fatale.