Deux premières de films documentaires sur Lidice
Deux films documentaires sur Lidice ont eu leurs premières, mercredi, à Prague. Les deux saisissent d'une manière originale le drame du village tchèque de Lidice rasé par les nazis le 10 juin 1942. Jarka Gissubelova a assisté à la projection:
Le film "Le village silencieux", jamais projeté en Tchécoslovaquie, a été tourné en 1942 par le réalisateur britannique Humphrey Jennings, à la mémoire du village tchèque de Lidice rasé par les nazis sous prétexte qu'il avait caché les auteurs de l'attentat contre le protecteur du Reich, Heydrich. Le film est une parabole. Les scènes sur le village minier de Lidice se déroulent loin d'ici, dans un village au sud du pays de Galles, Gwmgiedd, qui aurait pu subir le même sort que Lidice... Telle fut d'ailleurs l'idée même de l'écrivain tchèque, Viktor Fischl, qui se trouvait à l'origine du film. Viktor Fischl fut pendant la guerre chef de la section culturelle du gouvernement exilé tchécoslovaque à Londres et un collaborateur proche de Jan Masaryk, ministre des Affaires étrangères. Fixé en Israël, Viktor Fischl se trouve actuellement à Prague et il a assisté à la première tchèque de son film sur lequel il a dit:
"Pour pénétrer dans les sentiments des gens ayant vécu une tragédie, le plus efficace est de montrer qu'une chose pareille peut arriver non seulement dans un pays éloigné, mais à chacun de nous, n'importe où... Par ce film, j'ai voulu faire semblant, pour un instant, que la tragédie de Lidice ne s'est pas passée en Tchécoslovaquie lointaine, mais directement ici, en pays de Galles... La brillante réalisation de Humphrey Jennings a assuré au film le maximum d'authenticité."
Selon Viktor Fischl, Lidice a eu une influence politique sur l'attitude de la Grande-Bretagne envers la Tchécoslovaquie. Lidice a contribué à ce que le gouvernement anglais annule sa signature déposée sur les accords de Munich. Et le film y a, peut-être, joué un certain rôle positif, ajoute Viktor Fischl. Le film en question, "Le village silencieux", jamais projeté en Tchécoslovaquie, a été découvert au hasard par le rédacteur en chef de Radio Prague, David Vaughan, qui a décidé de tourner, avec Pavel Stingl, un documentaire "La seconde vie de Lidice" sur la métamorphose de la vision que l'on se fait de la tragédie. Nous vous en dirons davantage après sa première, le 5 juin, à la télévision tchèque.