Un ex-haut fonctionnaire impliqué dans une tentative de meurtre
"Je n'ai jamais simulé la commande de mon propre meurtre. Et si quelqu'un le prétend, c'est qu'il est pervers". C'était Sabina Slonkova, reporter au quotidien tchèque, Mlada fronta Dnes, qui vient, selon la police, d'échapper à un meurtre sur commande. Les faits et le dénouement avec Omar Mounir.
C'est le candidat à l'assassinat du journaliste lui-même, un certain Karel Rziepel, récidiviste notoire pour de petits délits et toxicomane, qui a vendu la mèche. C'est impromptu qu'il se présenta à la police : "On m'a demandé de la tuer", confesse-t-il pathétiquement. On lui a donné pour ce faire de l'explosif Semtex, mais, toute réflexion faite, dit-il, sa préférence était allée à l'arme de poing, avant de craquer. "Un cas de conscience ou peut-être la peur de se faire liquider, après, en tant que témoin gênant", opine un policier.
Rziepel indique le commanditaire du crime, un certain Michal Novotny, entrepreneur de son état. La police monte une ruse de guerre. Elle met le téléphone de Novotny sur écoute, après autorisation du parquet, et, sur son ordre, Rziepel téléphone à Novotny et lui apprend que le meurtre est exécuté avec succès. A ce moment-là la journaliste était déjà en lieu sûr et sous bonne garde de la police. Il ne restait plus aux enquêteurs qu'à attendre de voir à qui Novotny, dont ils savaient qu'il n'était pas le commanditaire premier, allait téléphoner. Et c'est à une dame, Eva Tomsovicova, ancienne collaboratrice de Karel Srba, ex-secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, apparemment resté en idylle avec Tomsovicova en compagnie de laquelle il rentrait précisément de vacances en Croatie.
La police comprit que le tour de la question est fait. Tomsovicova, arrêtée discrètement, semble avoir craqué sans difficulté. Elle a exécuté une commande de Srba. Il est arrêté à son tour, jeudi dernier, sur le chemin du restaurant à midi. La police l'a apparemment pris de court. Il n'a dû apprendre l'arrestation de son ancienne collaboratrice et amie qu'après la sienne.Le fin mot de l'affaire, le quotidien Mlada fronta Dnes avait attiré l'attention, l'an dernier, sur la location à une société hôtelière de la Maison tchèque à Moscou. Une location, où Srba était pour quelque chose aux Affaires étrangères, et où l'Etat tchèque aurait pu perdre jusqu'à 100 millions de couronnes. Srba fait fusible dans cette affaire et démissionne. Cette année, Mlada fronta Dnes révèle l'achat, par ce même Srba, d'un terrain où il aurait édifié une maison, outre qu'il aurait reconstruit des fermes à plus de 10 millions de couronnes. La reporter Slonkova a participé à l'enquête. On se demande d'où vient l'argent.
Quant à l'ancien ministre des A. E., Jan Kavan, et actuel président de l'Assemblée générale des Nations unies, qui avait de son temps confié l'opération Mains propres à Srba, il déclare n'être au courant de rien et profondément surpris par l'arrestation de son ancien collaborateur.