Quel avenir pour le théâtre de plein air de Cesky Krumlov ?
La ville historique et culturelle de Cesky Krumlov, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, a tout ce qu'il faut pour séduire les touristes : le deuxième château de République tchèque, le plus ancien théâtre baroque au monde, des maisons gothiques, baroques et renaissance, des musées, des festivals, la rivière Vltava, paradis du canoë... Et aussi un théâtre de plein air tout à fait exceptionnel, devenu l'objet d'une polémique virulente.
Mieux vaut avoir le coeur bien accroché pour assister à une représentation à Cesky Krumlov. Ce n'est pas le décor qui bouge, mais les spectateurs. Assis sur un grand plateau tournant, ces derniers se retrouvent plongés au centre du magnifique jardin baroque, dans lequel le théâtre est situé. Arbres, buissons et charmant pavillon servent de fond au drame qui se déroule sous leurs yeux. Un décor en perpétuelle évolution qui, depuis 1958, fait le succès du lieu. D'une soixantaine de spectateurs à l'époque, la salle tournante s'est agrandie. Elle compte aujourd'hui 650 places. Chaque été, on y joue à guichet fermé : les comédies de Shakespeare, Les trois mousquetaires, Le lac des cygnes, Rigoletto et L'Ondine sont à l'affiche. Oui, mais voilà, à la grande stupéfaction du public, les monuments historiques militent pour la démolition de cette scène féerique. Son allure moderne jure, paraît-il, avec les allées et les parterres baroques du jardin. Et toujours selon eux, certains commissaires de l'UNESCO seraient choqués par cette construction métallique... Les 40 mille passionnés de théâtre qui viennent ici chaque année, et les 15 mille habitants de Cesky Krumlov ne partagent pas cet avis. "Même si la ville devrait être supprimée de la Liste du patrimoine mondial, ça n'empêchera pas les touristes du monde entier de venir chez nous", affirme ainsi un hôtelier. Finalement et en guise de compromis avec l'UNESCO, le ministre tchèque de la Culture a fini par trancher. Les représentations se poursuivront encore pendant trois ou quatre ans, le temps de construire ailleurs, dans un cadre moins controversé, un nouveau théâtre de plein air.