Etrange enquête policière sur le droit de grâce !
Le président de la République est, pour le moins, en délicatesse avec le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross. La raison en est que ce dernier à ordonné l'ouverture d'une enquête policière sur la régularité des conditions dans lesquelles la grâce présidentielle est accordée. Les détails avec Omar Mounir.
Il n'empêche que Vaclav Havel a mal pris la chose. Non pas que l'ouverture de l'enquête le dérange, mais il ne trouve pas convenable la manière, et reproche à Stanislav Gross, non sans ombrage d'ailleurs, d'avoir jeté l'affaire en pâture à la presse, sans même en référer, préalablement, au président de la République, qui n'en a pris connaissance que par les médias. C'est, en effet, mardi que le ministre de l'Intérieur avait divulgué cette enquête sur les antennes de la télé privée Nova.
Il déclarera par la suite aux journalistes son désenchantement quant à la médiatisation de l'affaire, en ajoutant : « Je comprends que cela intéresse le président de la République, car ça le concerne indirectement. Je dis bien indirectement. Mais je le comprends tout à fait ».
Cela dit, force est de souligner, que bien qu'il y ait, depuis 1994, des cas de grâce ayant défrayé, en leur temps, la chronique, il y a de quoi s'interroger sur l'opportunité de cette enquête. D'abord, parce que les membres du cabinet présidentiel sont liés par la conservation du secret, et, de fait, aucun policier n'est venu, jusqu'à présent, en tout cas, les interroger ; ensuite, parce que les bénéficiaires n'assument aucune responsabilité dans le fait qu'ils aient été choisis ; enfin et surtout, parce que les dossiers de demandes de grâce sont conjointement examinés par la commission des grâces au ministère de la Justice et par une commission spéciale du cabinet présidentiel. Cela, sans oublier - et l'objection est de taille - que le droit de grâce relève du pouvoir discrétionnaire du président de la République, outre que l'esprit de la grâce, veut qu'elle soit accordée, même dans des cas des plus désespérés et des plus choquants pour l'opinion publique. Il y va de l'espoir d'une libération miraculeuse possible, espoir sans lequel l'atmosphère serait irrespirable dans les prisons.
La question reste donc posée : Où voudrait en venir monsieur le ministre ?