La couronne tchèque fête ses dix ans !
Le 8 février 1993, à minuit, l'accord entre la République tchèque et la Slovaquie sur l'union monétaire cessait d'être en vigueur. Cette séparation scellait la fin de l'existence de la couronne tchécoslovaque, mais aussi la naissance de deux nouvelles monnaies : la couronne tchèque et la couronne slovaque.
Dix ans après, économes tchèques et observateurs étrangers sont unanimes : oui, la mise en circulation de la couronne tchèque et sa tenue sur les marchés financiers mondiaux ont été l'un des plus grands succès politiques et économiques du pays depuis 1993 avec la partition de la Fédération tchèque et slovaque. Et pour cause : entre 1994 et 2002, la valorisation de la couronne tchèque aura été de plus de 30% ! En comparaison, durant cette même période, l'augmentation du pouvoir d'achat du zloty polonais et du florint hongrois n'aura pas été aussi nette, la couronne slovaque voisine devant se contenter d'une faible augmentation de 5%. Des données statistiques qui permettent aujourd'hui aux Tchèques de se vanter de posséder la monnaie la plus forte et la plus stable des pays post-communistes.
Mais tout ne fut pas si simple en 1993. Au lendemain de la partition, on s'aperçoit rapidement, tant à Prague qu'à Bratislava, qu'une union monétaire entre les deux pays n'est pas envisageable. L'existence parallèle d'une monnaie commune, la couronne tchécoslovaque, et de deux banques centrales s'avère notamment insupportable. « Dorénavant, les deux pays se doivent de réaliser leurs propres objectifs en ayant, chacun, une marche à suivre bien distincte. Or, cela n'est pas envisageable avec l'existence d'une monnaie commune », affirme à l'époque, lors d'une intervention télévisée, le Premier ministre tchèque, Vaclav Klaus. Les couronnes tchèque et slovaque étaient nées.
La séparation monétaire consistait à remplacer l'ancienne couronne tchécoslovaque par la couronne tchèque. Une opération technique réussie dont l'enjeu était avant tout la confiance des gens dans la monnaie, ainsi que la stabilité de leurs revenus et de leurs épargnes. Un indéniable succès pour la Banque centrale tchèque, dont l'expérience en la matière servit, quelques années plus tard, au remplacement du rouble russe dans cinq anciennes républiques soviétiques. Aujourd'hui, malgré l'attachement de certains Tchèques à leur monnaie, l'avenir de la couronne ne dépasse pas l'horizon d'une nouvelle décennie. La Banque centrale tchèque aimerait ainsi la voir remplacée par l'euro dès 2007. Mais le Premier ministre, Vladimir Spidla, plus pessimiste sur la capacité de son pays à respecter les limites fixées par l'Union européenne, évoque plutôt 2009, voire 2011, comme échéance plus réaliste.