Une fenêtre sur l'Afrique - entretien avec l'écrivain Ahmadou Kourouma
Enfant terrible de la Côte d'Ivoire, écrivain le plus en vogue de toute l'Afrique continentale, conscience de l'Afrique, éveilleur du peuple ivoirien - c'est ainsi que la presse qualifie l'écrivain africain, Ahmadou Kourouma. J'ai rencontré cet auteur à la foire Le Monde du livre, et j'ai pu constater, en plus, que c'est un homme très ouvert et franc, débordant de bonne humeur qui se répand sur son entourage comme une contagion. Pourtant, la vie de cet écrivain n'était pas facile. Né en 1927, en Côte d'Ivoire, il est élevé par son oncle infirmier, chasseur et musulman, imprégné par la culture malinké. Etudiant brillant de l'Ecole Technique Supérieure de Bamako au Mali, il est chassé de cet établissement en tant que meneur de mouvement indépendantiste. Contraint de se mettre au service de l'armée française, il sert en tant que tirailleur, pendant quatre ans, en Indochine. Il reprend, ensuite, ses études en France, intègre l'Institut des Actuaires à Lyon et se marie avec une Française. Il commence à écrire sans grand succès. Ce n'est que grâce à l'Université de Montréal, qui lui décerne un prix en 1967, qu'il s'impose dans le monde littéraire, et que les Editions du Seuil finissent par publier son premier roman intitulé "Les Soleils des indépendances". Aujourd'hui, Ahmadou Kouruoma est à son quatrième roman. Sa dernière oeuvre s'appelle "Allah n'est pas obligé". Ce titre un peu mystérieux veut dire que Allah n'est pas obligé d'être juste en toute chose. Le livre traduit en plusieurs langues dépeint les guerres tribales en Afrique de l'Ouest. Il a été traduit, aussi, en tchèque et publié aux éditions Mlada Fronta.
Nous, les Européens, absorbés par nos problèmes et soucieux de notre bien-être, ne prêtons que peu d'attention à la connaissance de l'Afrique. Souvent, nous ne voyons le continent noir que comme un énorme paquet de problèmes que nous ne comprenons pas et qui nous décourage. En cela sans doute, la littérature africaine peut jouer un rôle important. Elle peut nous faire découvrir la dimension humaine du continent noir. Les livres comme le dernier roman d'Ahmadou Kourouma peuvent servir de ponts entre les civilisations.