L'interruption volontaire de grossesse est le droit fondamental de chaque femme

Conformément à l'attente, le cabinet de coalition de Vladimir Spidla n'a pas approuvé le projet de loi sur l'interdiction presque totale de l'interruption volontaire de grossesse.

Expliquant les raisons de rejet du projet par le cabinet, le ministre de la Justice, Pavel Rychetsky, s'est référé aux documents de l'ONU et du Conseil de l'Europe. Ces documents considèrent le droit de l'enfant de naître "voulu et désiré" comme l'un des droits fondamentaux de l'homme. Le gouvernement tchèque est convaincu que le rôle prédominant dans cette question revient à la femme. « C'est elle qui a le droit de décider ou de participer, avec la famille, à la décision sur le processus se déroulant dans son corps », a dit le ministre aux journalistes.

Le projet repoussé a été soumis par huit députés chrétiens démocrates et un député de l'ODS, parti d'opposition. D'après le projet, le médecin qui effectuerait l'interruption volontaire de grossesse risquerait une peine de prison pouvant aller jusqu'à 5 ans. La personne qui contraindrait une femme à l'avortement pourrait être punie par un an de prison. Une femme ayant avorté ne risquerait, elle, aucune peine.

La loi sur les interruptions volontaires de grossesse actuellement en vigueur en République tchèque date de 1987. Les statistiques démontrent que depuis l'entrée en vigueur de cette loi, le nombre d'interruptions ne cesse de baisser. De 100 000 avortements, en 1988, le chiffre est passé à 36 000 par an en moyenne, ces 5 dernières années, soit un tiers. La loi tchèque laisse entièrement le droit à la femme de décider de l'interruption de sa grossesse. Le délai légal est de 12 semaines. Le coût de l'intervention varie de 3 000 à 5 000 couronnes, les interruptions de grossesse pour des raisons de santé sont gratuites.

Les critiques du projet attirent l'attention sur le danger du dit tourisme d'avortement, comme c'est le cas en Pologne voisine qui a durci sa loi relative à l'avortement. Ecoutons ce que pense de la problématique Mme Réjane Sénac-Slawinski, secrétaire générale de l'Observatoire français de la parité entre les femmes et les hommes. Propos recueillis par Magdalena Segertova:

"En France, on a voté, l'an dernier, une augmentation du délai de l'avortement, de 10 à 12 semaines. Ma position là-dessus, c'est que l'avortement n'est pas une fin en soi, absolument pas, et ce ne doit pas non plus être une forme de contraception. Il y a vraiment à avoir, là-aussi, une éducation des filles et des garçons, puisque, pour moi, la contraception doit être de la responsabilité des deux personnes, pour que l'avortement soit vraiment un cas d'échec de la contraception. Mais je crois que cela fait partie, quand même, de la maîtrise de son corps et d'une forme de liberté, aussi, des femmes, de disposer de leurs corps et de faire le choix d'une maternité voulue. Je ne crois pas qu'une maternité qui soit contrainte soit une bonne maternité, même si ne je fais pas l'apologie de l'avortement, mais je fais de l'avortement un droit."