En Tchéquie, le nombre d’avortements au plus bas depuis 1956
En 2022, seuls 27 600 avortements spontanés ou provoqués ont été enregistrés en République tchèque, selon l’Office statistique tchèque (ČSÚ), une première depuis 1956. Le taux de fécondité du pays reste néanmoins en-dessous du seuil de renouvellement de la population.
Il y a encore une vingtaine d’années, au tournant du millénaire, la Tchéquie enregistrait près de 47 000 avortements par an. L’année dernière, le pays n’aurait recensé que 27 600 avortements, spontanés ou provoqués, selon les dernières données de l’Office statistique tchèque, soit une baisse de presque deux points en glissement annuel.
Selon le président de la Société de gynécologie et d’obstétrique, Vladimír Dvořák, la majorité des avortements sont causés par la non-viabilité de l’embryon :
« La cause la plus fréquente [d’avortement] tient à l’incapacité de l’embryon à poursuivre son développement. Passé un certain stade, l’embryon cessant de croître, une fausse couche survient. Parmi les causes moins fréquentes figurent une maladie grave chez la mère, une infection ou une exposition à des substances nocives, mais ce sont là des cas plus rares. »
Chaque année, entre 11 et 14 000 avortements spontanés, ou fausses couches, sont enregistrés en Tchéquie. Toutefois, pour le gynécologue et obstétricien de l’hôpital général universitaire de Prague, Pavel Calda, ce nombre pourrait augmenter dans les prochaines années tant les grossesses sont de plus en plus tardives chez les femmes :
« Plus une femme est âgée, plus les anomalies chromosomiques liées à la division de l’embryon sont fréquentes. Cela dépend de l’âge. Ainsi pour les femmes d’environ 40 ans, il existe déjà un risque de 1 % que le fœtus souffre d’une anomalie chromosomique. Il s’agit d’un taux élevé qui peut conduire à une déconvenue dans les premiers mois de la grossesse. »
Pour Vladimír Dvořák, en revanche, la diminution relative observée simultanément du nombre d’interruptions volontaires de grossesse pourrait s’expliquer par « des grossesses davantage planifiées » et une plus grande responsabilité de la part des couples.
« L’interruption artificielle de grossesse sur demande » a été légalisée en Tchécoslovaquie à partir du 1er janvier 1958. La femme devait alors suivre une procédure légale particulière qui devait se conclure par l’aval d’une commission compétente en matière d’avortement. A partir de 1986, ces commissions ont finalement été supprimées, un médecin ne pouvant dorénavant s’opposer à la réalisation d’un tel acte que pour des raisons de santé ou en cas de grossesse déjà avancée.
En République tchèque, les femmes peuvent interrompre volontairement leur grossesse soit par la prise de médicaments, soit par une intervention chirurgicale. Tandis que la première option n’est autorisée que jusqu’à la septième semaine, la seconde est, elle, permise jusqu’à la douzième semaine de grossesse.
Avec environ 1,7 enfant par femme, la Tchéquie figure parmi les pays de l’Union européenne au taux de fécondité le plus élevé. Ce taux reste néanmoins inférieur à celui de 2,05 considéré comme le seuil permettant le renouvellement de la population d’un pays.