Le problème rom dans le Nord de la Bohême
Il y a des localités en République tchèque où la concentration de l'ethnie rom est nettement plus grande qu'ailleurs. Le dernier numéro de l'hebdomadaire Reflex raconte les problèmes que rencontrent, d'un côté ceux qui n'ont pas assez de moyens pour payer leur loyer ou qui, tout simplement, ne le font pas par négligence et, d'un autre côté, les représentants de la ville en mal de trouver des solutions à une situation délicate.
Most et Litvinov. Deux villes minières situées dans le Nord de la Bohême. Le taux de chômage y existant, se situant au-dessus de 20 %, est l'un des plus élevés à l'échelle nationale. Le chômage et la pauvreté touchent plus particulièrement la population rom, mais pas uniquement, bien sûr. Most, soixante-dix mille habitants, et Litvinov, vingt-trois milles habitants, possèdent des quartiers périphériques qui sont pour les Tchèques le synonyme de la misère et de tout ce qui est problématique. Ils s'appellent Chanov et Janov. « A peine arrivé sur place, on est tout de suite tenté de repartir », écrit l'auteur d'un reportage qui est paru, sous le nom de « Beverly Hills », dans le magazine Reflex, un magazine très lu dans le pays.
C'est dans ces quartiers que se recrute une partie importante des personnes appartenant à la catégorie de ce que l'on appelle en tchèque les « neplatici », désignant ceux qui ne paient pas systématiquement leur loyer. Le magazine écrit :
« Chanov, quartier périphérique de Most, est occupé presque exclusivement pas des Roms. Au total, ils doivent à la ville la somme de 61 millions de couronnes, l'équivalent de quelques 2 millions d'euros. On trouve parmi eux sept locataires qui ont une dette dépassant un demi-million de couronnes. »
Le magazine indique le cas de Julie Horvathova, une femme de quarante-trois ans, qui vit avec ses sept enfants dans un quatre-pièces. Elle doit à la ville un peu moins de 600 milles couronnes. Depuis quelques années, elle n'a plus d'eau chaude qu'on lui avait coupée. Cela dit, elle n'est pas enregistrée en tant que chômeur. De ce fait, la ville ne peut rien lui souscrire... Klara Svabova, quarante-cinq ans, elle, est au chômage. Or, la ville peut lui souscrire chaque mois une petite somme de son allocation-chômage. Habitant un trois-pièces, elle n'a encore jamais payé ne serait-ce qu'une couronne de loyer.
Karel Zdrazil, maire de la ville de Litvinov, où les montants des dettes sont moins importants, déclare : il y a des gens qui, par principe, ne paient pas leur loyer, peu importe qu'il s'agisse de Roms ou d'autres.
Que faire de ces personnes ? Les mairies des villes de Most et de Litvinov s'apprêtent à lancer un projet consistant à les faire transférer dans le dit « Camp 7 », un enclos composé d'anciens bâtiments administratifs d'une société minière. A la différence des propriétaires particuliers d'immeubles, la ville ne peut et d'ailleurs ne veut pas jeter les gens concernés, à la rue.
Etant donné, nous l'avons dit, que les Roms représentent une grande majorité parmi ceux qui ne paient pas leur loyer, le problème risque de prendre des connotations raciales. Les médias y jouent, selon le magazine Reflex, un certain rôle ; ainsi la cause du Camp 7 illustrerait leur approche parfois simpliste d'un problème complexe. « Le chemin du ghetto, de l'enfer ». C'est sous ce titre, par exemple, que le quotidien MfD a récemment informé du projet de ce camp qui, aussi contradictoire soit-il, se propose du moins de trouver une solution.
Le maire de Litvinov pense que le camp devrait avoir, en premier lieu, un caractère éducatif. Le paiement du loyer y serait donc de rigueur. « Nous souhaitons que les gens retournent à la vie normale », dit-il. A la question s'il y a beaucoup de gens qui y ont réussi, il répond, sur un ton pas très optimiste : « On peut en trouver effectivement quelques exemples ».
Le nouveau camp le « Camp 7 », se propose d'être meilleur que ceux qui existent déjà aux abords de la ville de Litvinov, dénommés par leurs habitants « Beverly Hills ». Selon l'hebdomadaire Reflex, ceux-ci ont en effet tout pour déplaire. « Un complexe de six bâtiments en rez-de-chaussé est vraiment dégoûtant, écrit l'auteur de l'article, et de continuer :
« Toute personne qui habite dans le camp et qui n'a pas encore entièrement capitulé, n'a qu'à le quitter au plus vite... Des familles entièrers entassées dans une seule pièce. L'eau chaude qui ne coule que deux fois par semaine. Des contrôles réguliers de la police. Probablement le seul endroit où les habitants du camp ont le droit à une certaine intimité, sont les WC. »
Milan Sivak, qui travaille sur le terrain dans le quartier de Chanov, est pessimiste :« On ne peut pas trouver une solution en ce qui concerne les gens qui ne paient pas le loyer. S'il y a d'un côté, les gens qui n'ont pas de moyens et qui affrontent le dilemme - manger ou loger ? - on voit, d'un autre côté, pas mal de ceux qui sont irresponsables et qui, tout en possédant suffisamment d'argent, refusent de payer ».
» Une solution est impossible, c'est un travail qui n'en finit pas », conclut Milan Sivak, sur les pages de l'hebdomadaire Reflex..