Économie/Commerce

Au sommaire de notre rubrique Economie/Commerce de cette semaine, la privatisation d'Unipetrol, la dette russe à l'égard de la Tchéquie, l'amende infligée à Cesky Telecom, et la visite à Prague du président du FMI.

Privatisation d'Unipetrol: qui va devenir l'actionnaire majoritaire du groupe tchèque de chimie et pétrochimie détenu jusqu'à présent par l'Etat?

Après un premier appel d'offres en 2003, qui n'avait pas abouti suite au refus par l'investisseur désigné de payer la somme proposée, le gouvernement tchèque a en ce début d'année 2004 lancé un nouvel appel. Six entreprises ont tout d'abord été retenues pour le rachat de cette part de 63% détenue aujourd'hui par l'Etat tchèque. Il s'agit d'une opération de première importance qui va permettre de désigner le nouveau propriétaire du groupe chimique et pétrochimique tchèque de loin le plus puissant du pays. Mais dans un revirement soudain, le gouvernement a déclaré que seules trois des six entreprises continueraient la course. Sans même attendre que la commission de privatisation d'Unipetrol ne se réunisse, jeudi dernier, pour en discuter, le gouvernement a déclaré, mercredi 21 janvier, qu'en raison d'« intérêts stratégiques » il décidait d'écarter trois des six candidats au rachat, à savoir les Kazakhs KazMunaiGaz, les Slovaques Penta et les Russes Tatnieft. Restent donc en lice les investisseurs polonais PKN Orlen, les Hongrois MOL et le groupe néerlando-britannique Royal Dutch/Shell. Les "intérêts stratégiques" qui ont motivé le gouvernement à prendre cette décision rapide, et à éliminer ainsi des offres tout à fait intéressantes - KazMunaiGaz avait avancé la somme de 16 milliards de couronnes, sont en fait liés à des questions dites de sécurité. En effet, en raison du régime autoritaire au Kazakhstan, cet investisseur détenu majoritairement par l'Etat a été jugé trop risqué. Quant aux Russes, ils ne seraient pas encore habitués aux méthodes et à la culture commerciale occidentales, selon les dires du gouvernement tchèque. Ces arguments ne s'appliquent toutefois pas à l'investisseur slovaque, dont l'élimination reste quelque peu énigmatique. Quant à la présence de PKN Orlen sur la shortlist, elle peut étonner, dans la mesure où cet investisseur polonais a conclu divers accords avec le groupe tchèque Agrofert, responsable de l'échec de la première tentative de privatisation pour n'avoir pas tenu son engagement. Selon toute vraisemblance, le favori parmi les trois « finalistes » est Royal Dutch/Shell, pour l'heure le plus offrant - 11 à 13 milliards de couronnes - et surtout, l'investisseur le plus important, avec ses 160 milliards d'euros de chiffre d'affaires et une activité qui couvre les pompes à essence, les produits dérivés du pétrole, le gaz naturel et l'électricité, et qui est déjà implanté en République tchèque. MOL, qui offre 7 à 9 milliards, est l'entreprise la plus importante de Hongrie où elle détient le monopole légal en matière d'exploitation et de prospection des sources de pétrole et de gaz naturel. Quant à l'investisseur PKN Orlen, dont l'offre se situe entre 9 et 10 milliards, il présente l'avantage d'être détenu à 72% par des actionnaires privés.

La privatisation d'Unipetrol, et le choix du futur principal investisseur, n'est pas sans poser de problèmes. Le fait d'avoir réduit au nombre de trois les candidats constitue un frein évident à la concurrence, et cela aura pour conséquence que l'Etat, mais aussi les actionnaires d'Unipetrol, ne retireront qu'un moindre profit de cette privatisation. A ce frein classique s'ajoute celui d'une éventuelle alliance entre les investisseurs candidats. PKN Orlen et MOL envisagent en effet une fusion qui réduirait un peu plus encore le produit de cette privatisation, dans la mesure où les deux intéressés ne vont à l'évidence pas gonfler les enchères pour ne pas se pénaliser mutuellement. De plus, si le gouvernement tchèque se tourne vers l'un d'entre eux, Unipetrol subira très certainement une fragmentation de ses secteurs d'activité, qui seront redistribués entre les différents partenaires. Le gouvernement ne devrait toutefois pas s'y opposer, puisque le prix, mais aussi la volonté d'éviter un nouvel échec, sont les critères décisifs qui guideront le gouvernement dans son choix final, fin avril.

La Russie envisage de rembourser une partie de sa dette envers la Tchéquie avec du matériel militaire.

Héritée de l'ex-URSS, le montant de la dette du pays dirigé par Vladimir Poutine envers la République tchèque s'élève à 22 milliards de couronnes, soit environ 700 millions d'euros. Après avoir discuté de la possibilité d'acquérir trois avions gros porteurs, le vice-ministre de la Défense, Jaroslav Kopriva, a annoncé, en début de semaine, que les nouvelles négociations porteraient finalement sur une dizaine d'hélicoptères. Moscou pourrait ainsi rembourser près de la moitié de sa dette en fournissant des hélicoptères de transport Mi-17 et des hélicoptères de combat Mi-24. Selon Jaroslav Kopriva,la flotte d'hélicoptères du pays pourrait ainsi être modernisée. En vertu d'un premier accord bilatéral signé en 2001, la Russie s'était engagée à rembourser une partie de sa dette en livrant trois avions de transport militaire Antonov An-70, mais a, depuis, toujours reporté les dates de livraison. Pour Petr Necas, député du Parti civique démocrate chargé des affaires militaires, les parties doivent respecter les accords antérieurement conclus entre elles:

"Je vais demander des comptes au ministère de la Défense à propos de l'éventuelle livraison d'hélicoptères et surtout à propos des modifications de l'accord original. J'aimerais qu'il explique ce changement d'attitude vis-à-vis des engagements qui découlaient de cet accord avec la Russie"

Grosse amende pour Cesky Telecom

Cesky Telecom
L'opérateur tchèque Cesky Telecom s'est vu infliger une amende de 82 millions de couronnes, soit 2,45 millions d'euros, pour abus de position dominante par l'office anti-monopole tchèque, l'UOHS. Le directeur de l'office a annoncé, ce mardi, que l'opérateur avait notamment enfreint la loi sur la concurrence en contraignant plus de 3000 sociétés à conclure des contrats à leur désavantage. Détenu à 51% par l'Etat tchèque, Cesky Telecom écope de la plus lourde amende jamais infligée par l'office tchèque de Brno. Le porte-parole de l'opérateur a déclaré qu'il entendait bien porter l'affaire devant le tribunal. Vladan Crha:

"Nous allons évidemment avoir recours à toutes les voies judiciaires possibles contre cette décision et porter l'affaire devant le tribunal compétent. Cesky Telecom va également demander un sursis à l'exécution de la décision de l'office."

L'adoption de l'euro nécessite des efforts importants de la part de la République tchèque qui doit se préparer avec sérénité

Photo: Commission européenne
Si la République tchèque s'est développée sur de bonnes bases économiques et commerciales depuis 14 ans, il lui faudra néanmoins faire preuve de beaucoup de rigueur et accepter bon nombre de réformes pour pouvoir adopter l'euro à l'horizon 2010 : c'est ce qu'a déclaré Horst Koehler, président du FMI, venu s'exprimer sur le sujet, en début de semaine, à Prague.

Les bénéfices de l'euro ne seront pas automatiques, a mis en garde Horst Koehler face à l'empressement des nouveaux pays entrant à vouloir adopter la monnaie unique, et il convient à chaque pays de préparer cet événement sereinement, chacun selon ses propres capacités.

L'euro est perçu comme un accélérateur de croissance qui va faire fructifier le commerce, baisser les coûts de transactions, réduire les risques de marché et faciliter l'accès des capitaux étrangers. Selon le FMI, le passage à la monnaie unique devrait entraîner, sur le long terme, une hausse de 20 à 25% du PIB des pays l'adoptant. La perte de la monnaie unique aura également pour effet positif de forcer les gouvernements à une plus grande rigueur budgétaire. Car si des problèmes inattendus surviennent, en l'absence de politique monétaire, ceux-ci ne pourront être corrigés que par des ajustements fiscaux et grâce à la flexibilité des prix et des salaires.

Pour cela, la République tchèque, comme les autres pays souhaitant a terme adopter l'euro, devra mettre en oeuvre des politiques budgétaires fortes et procéder à des réformes structurelles qui sont nécessaires pour aller au devant des critères de Maastricht. Il faudra ainsi réformer les finances publiques afin de corriger le déficit fiscal. Idéalement, les candidats à l'euro devraient se fixer des critères plus stricts encore que ceux dictés par Maastricht de manière à entrer dans la zone euro avec une certaine marge de manoeuvre. L'expérience récente de la France et de l'Allemagne a montré qu'une telle précaution serait souhaitable. Il convient donc de prendre son temps, et d'attendre le moment propice pour rejoindre les 12 autres membres de l'eurozone. Cela pourra être le cas déjà en 2008 pour la Slovénie, la Hongrie et les pays baltes. Quant à la République tchèque, l'assainissement de ses finances publiques prendra certainement quelques années de plus.