Les succès du cinéma tchèque dans la course aux Oscars
Une délégation de cinéastes ayant participé à la réalisation du film tchèque "Zelary" est partie pour Los Angeles. Nominée à l'Oscar du meilleur film étranger, cette histoire d'une femme qui fuit la persécution nazie en se réfugiant dans les montagnes moraves, est un nouvel espoir du cinéma tchèque. Tandis que les grands festivals européens, Cannes et Berlin, ne présentent pas des films tchèques, l'Académie du cinéma américain se montre beaucoup plus accueillante vis-à-vis d'une production cinématographique qui a fait déjà ses preuves dans la course aux Oscars. La Tchéquie peut se vanter de plusieurs succès dans ce domaine et la liste des prix qu'elle a obtenus aux Etats-Unis pourrait satisfaire même des pays beaucoup plus grands et disposant de moyens plus importants.
Cela a commencé en 1948 lorsque Ivan Jandl, alors petit garçon, a décroché un Oscar pour son rôle dans le film américain "Les Stigmatisés." Dans les années 1960, grâce à une certaine libéralisation du régime communiste en Tchécoslovaquie, les cinéastes tchèques jouissent, eux aussi, d'une certaine liberté. Cela se manifeste dans la qualité de leur production et dans leurs succès internationaux. En 1965, "La Boutique au corso", film des réalisateurs Jan Kadar et Elmar Klos qui raconte l'histoire d'un petit boutiquier slovaque sous l'occupation allemande, subjugue l'Académie du cinéma américain malgré le rideau de fer. C'est le premier Oscar pour un film tchèque auquel s'ajoute celui de la meilleure interprétation féminine pour la comédienne polonaise Ida Kaminska. C'est aussi la première hirondelle annonçant l'arrivée de la Nouvelle vague du cinéma tchèque et d'une pléiade de réalisateurs originaux tels Schorm, Forman, Passer, Chytilova, Juracek, ou encore Jiri Menzel. C'est ce dernier qui renouvèle le succès tchèque aux Etats-Unis, en 1967, en décrochant un Oscar avec "Trains étroitement surveillés", histoire drôle basée sur un roman de Bohumil Hrabal et située, une fois de plus, à l'époque de la Deuxième guerre mondiale.
Dans les années 1970 et 1980, années de la normalisation, aucun film tchèque n'obtient le prix de l'Académie, ce qui ne veut pas dire que les cinéastes tchèques ne se font pas remarquer. Ce sont les années de gloire de Milos Forman, installé aux Etats-Unis, dont les films "Vol au-dessus d'un nid de coucou" et "Amadeus" obtiennent de nombreux Oscars. Le cinéma de production tchèque ne s'imposera de nouveau en Amérique qu'après la chute du communisme et avec "Kolya", en 1996, histoire émouvante d'un garçonnet russe abandonné dans une Tchécoslovaquie occupée par l'armée soviétique. C'est aussi la consécration du jeune réalisateur Jan Sverak pour lequel c'est le deuxième Oscar, car il a déjà obtenu le prix de l'Académie réservé aux étudiants des écoles de cinéma, pour sa farce écologique "Ropaci - Les mangeurs de charbon".Rappelons dans ce contexte que "Zelary" est déjà le quatrième film tchèque figurant dans la pré-sélection des Oscars depuis l'ouverture du pays en 1989. En 1991, c'était "Ecole primaire", encore un film de Jan Sverak, en 1996 c'était "Kolya" et en 2000 l'Académie a sélectionné "Faibles parce que désunis", de Jan Hrebejk, histoire d'un couple tchèque sous l'occupation allemande. Il semble que ces histoires de la Deuxième Guerre mondiale exercent un attrait quasi magique sur l'Académie du Cinéma américain.