La réforme des finances publiques : un ticket pour entrer dans l'Europe
Après une première étape accomplie au 1er janvier 2004, la réforme des finances publiques en République tchèque suit son cours. Sa deuxième étape se terminera le 1er mai de cette année, et devrait introduire les derniers changements que le gouvernement actuel à l'intention de mettre en place jusqu'à la fin de son mandat. Lors d'une réunion annuelle qui s'est tenue mercredi 10 mars au Palais Zofin à Prague, Vladimir Spidla, Premier ministre et Bohuslav Sobotka, ministre des Finances, ont fait le point sur ce qui a été accompli, sur l'esprit général de ces réformes et sur les derniers changements prévus d'ici mai.
"La taxe sur la valeur ajoutée était le billet d'entrée de la République tchèque dans l'Union européenne et nous avons tenu les engagements que nous avions conclus à ce sujet."
La deuxième phase des réformes fiscales, en cours depuis début janvier, devrait clore justement le débat plutôt houleux sur la TVA, qui a mis les parlementaires devant des choix souvent difficiles, puisqu'il s'agissait de désigner quels produits allaient être taxés et à quel taux. Comme l'a rappelé le Premier Ministre tchèque ce mercredi, un taux unique de TVA était impensable pour le pays, et il aurait entraîné un échec immédiat de la réforme. D'ici mai, donc, l'harmonisation sera terminée, c'est à dire que la plupart des taux, auparavant à 22% ou à 5%, seront passés à 19%, et ne bougeront plus jusqu'à la fin 2006. Si les augmentations de l'impôt à la consommation épargnent la bière et d'autres exceptions comme le chauffage et les matériaux de construction pour habitation, le tabac et les alcools durs devront, quant à eux, subir encore quelques sévères augmentations, normes européennes obliges. Des précisions du ministre des Finances Bohuslav Sobotka :
"En ce qui concerne les taux relatifs à l'impôt à la consommation, aucun changement n'aura lieu après mai 2004, à l'exception du tabac, dont le processus d'harmonisation ne se terminera qu'à la fin 2006. Le taux pour le tabac en République tchèque augmentera encore deux fois d'ici cette date, dans le but d'atteindre le taux minimum pratiqué au sein de l'UE pour ces produits. Pour ce qui est des alcools durs, aucune augmentation n'est prévue après le 1er mai"
Si le gouvernement espère engranger quelques milliards de couronnes grâce à l'harmonisation de la TVA, il a inclus dans son programme un volet social très important. Des compensations sont en effet prévues pour les foyers à revenus moyens et faibles, qui permettront à ces derniers de faire face à ces augmentations conséquentes du coût de la vie. Les familles avec enfants devront notamment bénéficier d'allégements fiscaux importants, grâce au nouveau système de déclaration fiscale commune des parents, inexistant jusqu' ici. Vladimir Spidla a mis l'accent sur le rôle de l'Etat providence et sur la nécessité de continuer les efforts dans ce sens.
"La part du budget, aujourd'hui d'environ 22%, destinée à l'aide sociale en République tchèque est quasiment la moins importante de tous les pays qui nous entourent. Tenter de réduire cette part est irrationnel et dangereux pour le pays."
Il ne faut en aucun cas démonter l'Etat providence, mais plutôt penser à le moderniser, a ajouté le Premier ministre :
"La modernisation de l'Etat social tchèque est une nécessité. Il faut que nous prenions une décision qui aille dans le sens d'une limitation des possibilités d'abus des aides sociales, qui encourage l'intérêt pour une activité économique, et qui rationalise le système actuel de l'aide sociale. Moderniser notre système éducatif et stimuler notre capacité d'innovation, sont deux autres points essentiels qui mèneront le pays dans la bonne direction."