Jean Sénac, un nom, un poète, une légende
La poésie, la vie et la mort de Jean Sénac, écrivain algérien né en 1926 à Beni Saf et assassiné en 1973 à Alger dans des circonstances encore mal élucidées, ne cessent de soulever des questions. C'est à lui que le réalisateur Abdelkrim Bahloul a consacré un film intitulé "Le soleil assassiné" dont la sortie en France est prévue pour ce printemps. Les Pragois, eux, ont déjà pu voir ce film dans le cadre d'un hommage rendu à Jean Sénac par l'Institut français de Prague. A cette occasion, on a organisé également une lecture publique de ses poésies et une rencontre avec Jacques Miel, fils adoptif du poète, son ami et connaisseur de son oeuvre. Jacques Miel a évoqué la vie et la poésie de son ami Jean Sénac aussi au micro de Vaclav Richter.
"Bon, il est reconnu par les poètes algériens comme étant un poète algérien, mais profondément c'est un poète universel. C'est un poète d'expression française, il a toujours été édité que par des éditeurs français, il n'a jamais été édité par des éditeurs algériens. Il faut le savoir, ça."
Quels étaient les thèmes qui l'intéressaient particulièrement, les sources de sa poésie?
"D'abord le corps. Il ne faut pas oublier que Jean Sénac était quand même aussi un poète homosexuel. D'abord le corps et l'amour, d'ailleurs il y a laissé sa vie, l'amour de son pays, l'amour de l'Algérie."
Est-ce qu'on peut choisir quelques grands moments, quelques moments cruciaux dans sa vie?
"D'abord son exil pendant sept ans en France pendant la guerre d'Algérie, où il a eu une activité très importante. Il a fait publier beaucoup de jeunes poètes algériens qui chantaient l'indépendance, c'est-à-dire la révolution. On a toujours parlé de révolution, c'était pas une révolution, c'était une guerre d'indépendance. Et les grands moments dans sa vie, c'étaient de révéler ... Il a été le seul poète algérien à s'occuper de la jeune littérature française, ce que n'ont pas fait les grands littéraires algériens. Il y a un recueil qui est intitulé "La jeune poésie algérienne", et c'est lui qui a découvert tous ces jeunes poètes algériens. Il avait un amour sans bornes pour l'Algérie, il voulait que, comment vous expliquer, que l'Algérie vive, que l'Algérie soit livrée, donnée et redonnée à la jeunesse."