Les relations tchéco-roumaines à trois semaines de l'élargissement de l'UE.
Dans moins de trois semaines, la République tchèque fera son entrée dans l'Union européenne, avec deux îles méditerranéennes et sept autres pays d'Europe centrale et orientale. La Roumanie ne fait pas partie, pour l'heure, de ce nouvel élargissement. Elle est encore, ainsi que la Bulgarie, en phase de négociations avec Bruxelles, et son adhésion officielle, selon le calendrier de l'UE, est prévue pour l'année 2007. C'est une des raisons pour lesquelles Bucarest tente de maintenir et perfectionner ses relations politiques et économiques avec les dix "nouveaux", et notamment avec Prague.
"Sur le plan économique, il y a eu un développement, même dans le cadre du COMECON après la deuxième guerre mondiale. Il y a beaucoup de complémentarité entre nos deux économies. La Tchécoslovaquie avait un potentiel industriel plus élevé, mais il y a aussi des domaines auxquels la Roumanie donnait certaines priorités. La Roumanie est le premier pays au monde qui a commencé l'exploitation du pétrole, au milieu du XIXè siècle, avant les Américains en Pennsylvanie et avant les Russes à Bakou. Pendant une certaine période, la Roumanie a été le premier producteur de pétrole en Europe. Maintenant, bien sûr, les réserves ont diminué et nous sommes devenus importateurs, mais il reste quand même une tradition, une certaine expertise. Il y a une université technique pour le pétrole à Bucarest qui figure parmi les meilleures du monde. J'ai d'ailleurs rencontré aujourd'hui un ingénieur tchèque formé dans cette université. Il y avait beaucoup de coopération sur ce plan là, et nous avons développé dans les dernières années une certaine coopération économique sur le plan régional, car nous avons traversé la même période de transition, avec ses complications, ses problèmes et ses difficultés. Maintenant, avec l'entrée de la République tchèque dans l'Union Européenne, ce groupe régional doit se reformer. Je pense qu'il y a des opportunités pour relancer et diversifier les relations économiques."
Parmi les participants à cette conférence sur les opportunités d'investissement en Roumanie figuraient également des Français. Alexis Juan est directeur de la Komercni Banka, filiale tchèque de la Société Générale. Selon lui, Prague a tout intérêt à développer ses relations avec Bucarest:"La République tchèque a beaucoup à gagner à mieux connaître la Roumanie, qui représente un marché de plus de 20 millions de consommateurs. La République tchèque a des atouts à faire valoir sur ce marché là. D'autre part la Roumanie est un producteur de pétrole, et je sais qu'il existe déjà des relations entre certaines sociétés tchèques et roumaines, les Tchèques étant intéressés par le développement de ces liens avec la Roumanie dans le cadre de l'approvisionnement et du traitement de ses matières premières."
La Roumanie a clos, pour l'instant, 22 chapitres de négociations avec Bruxelles sur 31, alors que la Bulgarie, autre pays engagé dans le même processus, en a terminé 26. Le président Iliescu a exprimé l'espoir de voir son pays signer le traité d'adhésion en 2005. Mais il a reconnu que la tâche qui attendait la Roumanie était encore considérable, qualifiant d'avertissement "utile et nécessaire" la résolution adoptée le 11 mars dernier par le Parlement européen qui critiquait l'état d'avancement de Bucarest vers l'adhésion. Le Parlement a invité la Roumanie à redoubler d'efforts dans ses préparatifs pour intégrer l'Union, faute de quoi une adhésion en 2007 pourrait s'avérer impossible. Ion Iliescu a énuméré plusieurs tâches prioritaires pour son gouvernement, comme "la réforme structurelle de l'économie, l'efficacité de l'administration, la lutte contre la bureaucratie, et la lutte contre la corruption. Ce sont les grands problèmes d'aujourd'hui". Cependant, devant le parterre d'investisseurs réunis à Prague à l'occasion de sa venue, le président Iliescu a insisté sur les multiples attraits de son pays:
"Je pense qu'il y a beaucoup d'opportunités dans divers domaines, de l'industrie surtout, pour une activité commune, un partenariat pour le commerce dans toute cette région d'Europe centrale. Il existe un projet de coopération plus large entre les pays du bassin danubien, qui pourra former un noyau des relations entre tous ces pays-là, membres ou futurs membres de l'Union Européenne. Alors je pense qu'il y a des opportunités majeures dans tous les domaines."