Une biographie de Bohumil Hrabal

Bohumil Hrabal

"Les fruits amères du jardin du paradis" - tel est le titre d'une biographie de l'écrivain Bohumil Hrabal qui vient de paraître aux éditions Euromedia Group en République tchèque. L'auteur de cette biographie, Monica Zgustova, femme de lettres et traductrice établie en Catalogne, est venue à Prague pour présenter son oeuvre aux lecteurs tchèques. Sa présence à Prague m'a donné l'occasion d'inviter Monica Zgustova au studio de Radio Prague pour lui poser quelques questions sur son livre et sur ses rencontres avec Bohumil Hrabal, écrivain disparu il y a sept ans, mais qui reste toujours présent dans la littérature tchèque. Monica Zgustova a évoqué d'abord sa première rencontre avec le grand écrivain. Elle lui a rendu visite vers la fin des années 1980, au moment où il traversait une des périodes les plus difficiles de sa vie.

"La raison de mon arrivée chez Hrabal était mes projets de traduction. J'ai commencé déjà la première traduction, c'était Moi qui ai servi le roi d'Angleterre, et j'avais des doutes et je voulais les consulter avec l'auteur. J'ai vu que c'était très difficile, mais j'ai pu faire part de mes doutes avec sa femme qui était gravement malade et mourante. Elle était très gentille. Elle savait qu'elle devait mourir, mais elle voulait faciliter ce qui était lié directement ou indirectement avec le travail de Hrabal."

Vous avez traduit beaucoup d'oeuvres de Hrabal en catalan et en espagnol. Quelles étaient les difficultés auxquelles vous vous êtes heurtée en traduisant ses livres? On avait tendance parfois à considérer Hrabal comme un écrivain quasi intraduisible.

"Oui, c'est ce qu'on dit. Il y avait surtout deux choses. Ces phrases sont très très longues. Mais c'est le premier livre qui est difficile. Avec chaque nouvelle traduction on entre de plus en plus dans son style. Après ça, je connaissais déjà parfaitement sa mélodie, intérieurement je suis devenue très familière avec la mélodie de son écriture. Si j'ai eu des problèmes, c'était surtout avec son vocabulaire. Parfois c'est un vocabulaire très particulier. J'ai été obligé de consulter beaucoup de gens et de dictionnaires. Mais finalement, ça s'est bien passé et on m'a donné beaucoup de prix pour mes traductions des oeuvres de Hrabal. Les Catalans et les Espagnols sont contents de mes traductions alors, moi, je suis contente aussi."

Monica Zgustova,  photo: CTK
Vous avez écrit aussi une biographie de Bohumil Hrabal. Quelles étaient les sources de vos informations sur sa vie?

"C'était surtout les livres de Hrabal, sa littérature. Mais je l'ai interrogé aussi sur sa vie, j'ai interrogé aussi ses amis parce qu'il est bien connu que la vie de Hrabal, telle qu'on la trouve dans ses livres, c'est un peu de la mythologie."

Justement c'est ce que je voulais savoir. Dans quelle mesure la vie réelle de Hrabal correspondait à sa vie romancée qu'il nous raconte dans ses livres?

"Je crois qu'au fond c'est la même chose. Il y a sa vie et sa littérature, c'est à dire les sentiments, les émotions, les complexes, c'est la même chose, parce que Hrabal écrit sur lui-même. Mais il y a aussi beaucoup de détails, de petites choses, qui sont très différentes et ce n'est pas Hrabal. Je devais donc surtout distinguer la réalité de la mythologie. C'était surtout cela, le but de mon livre, et puis aussi la biographie que j'ai écrite, c'était surtout d'écrire et de voir Hrabal de l'intérieur. J'ai essayé d'entrer dans son for intérieur."

Dans quelle mesure la rencontre avec Hrabal a changé votre vie, a enrichi votre vie?

"La rencontre avec Hrabal a énormément enrichi ma vie. Hrabal était mon maître. Je suis écrivain, il était mon maître dans l'écriture et aussi dans la vie. Parfois quand j'ai des doutes, quand je ne sais pas que faire, alors je fais une consultation avec Hrabal en regardant le ciel et il me dit toujours ce qu'il faut faire. Je le fait et je suis contente."