Un regard sur "L'Europe des vingt-cinq"

'L'Europe des vingt-cinq'

Ce jeudi, les politologues français Christian Lequesne et Jacques Rupnik ont présenté à Prague leur nouveau livre consacré à l'Union européenne et sa situation après son dernier élargissement. Vaclav Richter a posé ensuite quelques questions à Christian Lequesne.

Vous venez de présenter à la presse tchèque votre livre "L'Europe des vingt-cinq". Pouvez-vous le présenter sommairement aussi à nos auditeurs?

"Bien sûr. C'est le livre qui part du constat que l'Europe des vingt-cinq ne ressemblera pas à l'Europe des quinze, que ce sera une entité différente. Avec mon coauteur et collègue Jacques Rupnik nous nous interrogeons sur les grands débats qui attendent l'Union européenne. C'est bien sûr la réforme des institutions, c'est ensuite la question de l'avenir du budget européen qui est aussi un problème important en termes politiques parce qu'il pose la question de la solidarité. C'est aussi le problème du positionnement de l'opinion publique. On a vu que c'est une question importante lors des dernières élections. Nous nous interrogeons également sur le rôle international que peut jouer l'Europe, sur ce que veut dire être membre de l'Union européenne et on a aussi une réflexion sur l'adhésion."

C'est une question à laquelle il n'y a pas de réponse simple. A mon avis, elle est liée à beaucoup de choses. D'abord je crois, en tant que scientifique, qu'on doit la comprendre aussi à la lumière de la transformation de la société. Je pense qu'aujourd'hui, quand on regarde les démocraties d'Europe centrale et orientale, on se rend compte qu'on est dans une phase où la question de l'homme moyen n'est plus la question de la liberté et de la justice, mais la question de son bien-être dans la société. Quand on prend toutes les transformation sociales qu'ont connues les sociétés post-communistes, on est dans une période où les gens sont en train de retrouver chacun un rôle social. Ce n'est pas encore tout à fait stabilisé, pour certains d'entre eux la vie quotidienne est encore dure. Donc il est normal qu'à partir de là, chacun est très préoccupé par son statut personnel, par le fait de pouvoir individuellement s'en sortir, de trouver un rôle. Et je crois que cela ne pousse pas à s'intéresser à l'Europe qui est un grand projet. On est beaucoup plus préoccupé par ces choses personnelles ou alors on se pose les questions utilitaires du style 'Qu'est ce que l'Europe va apporter à moi, pour mon bien-être?' Et là, quand on ne trouve pas vraiment de réponses qui seraient positives ou négatives, on s'en désintéresse. Je crois que c'est plus le problème, comme vous l'avez dit, du manque de mobilisation que l'opposition à l'Europe qui est aujourd'hui en jeu et qui doit être analysée."