La discorde social-démocrate entraîne la chute de Vladimir Spidla
Le cabinet de coalition de Vladimir Spidla n'est arrivé qu'à la mi-temps de son mandat. La raison ? Deux ans après sa victoire aux élections législatives, le parti social-démocrate n'a voté qu'une très faible confiance à son leader et Premier ministre. Plus de détails avec Alena Gebertova.
« Cette décision, la social-démocratie l'a prise en raison des résultats des élections européennes, qui sont la preuve flagrante d'un manque de confiance au gouvernement », a dit Vladimir Spidla à l'issue du verdict, tombé samedi dernier. Et d'ajouter que, sans le soutien de son propre parti, « il ne pouvait pas être le chef d'un cabinet disposant d'une faible majorité avec 101 voix au Parlement. » Un cabinet qui, en dépit de sa fragilité, a su mettre sur pied une série de réformes importantes et qui a fait pleinement valoir son orientation proeuropéenne.
La formation d'un nouveau gouvernement se présente donc comme la première actualité politique tchèque des prochains jours. Les négociations devraient commencer dès le retour du président Vaclav Klaus du sommet de l'OTAN à Istanbul. Profitant d'une brève escale à Prague entre deux avions, ce dernier n'a pas précisé sa vision, sauf qu'il ne comptait pas négocier avec les unionistes, l'un des trois partis de la défunte coalition. C'est très probablement Stanislav Gross qui sera chargé par le président de construire le prochain cabinet. Une démarche qui ne sera point facile, malgré l'optimisme et les sourires affichés du nouveau leader social-démocrate devant le public. Il sait qu'une coopération avec les communistes serait très mal vue et que le principal parti d'opposition, l'ODS, qui insiste sur la tenue d'élections anticipées, n'a guère envie de le soutenir.A quand la stabilisation de la scène ? La nomination d'un nouveau cabinet peut aboutir dans quelques jours comme dans quelques semaines, voire quelques mois...
Christine Dupré, correspondante de RFI et de La Libre Belgique à Prague, voit le dernier dénouement sur l'échiquier politique en Tchéquie d'un oeil assez sceptique.
« Je pense qu'il s'agit d'un bond en arrière extraordinaire. Je trouve ça assez catastrophique. On avait un gouvernement qui fonctionnait bien, avec ses lenteurs bien sûr, compte tenu de la faible majorité et qui devait faire des compromis qui n'étaient pas toujours bien perçus par l'opinion. On avait un gouvernement proeuropéen qui était tout à fait moderne, tout à fait démocratique et qui a fait des réformes que n'ont pas fait les cabinets précédents... Une attaque contre Spidla a été orchestrée par des médias et surtout par cette vieille garde des proches de l'ancien Premier ministre Milos Zeman à l'intérieur du parti. Donc, on n'assiste pas à une opération de sauvegarde de la social-démocratie, on assiste plutôt à un suicide collectif de ce parti, avec le retour de cette vieille garde corrompue et qui n'appréciait pas la manière dont Spidla - un homme à qui manquait peut-être un certain charisme, mais qui est un homme intègre - a mis fin à ce clientélisme qui existait à l'époque de « l'accord d'opposition » entre la social-démocratie et l'ODS de Vaclav Klaus ».