Le 6 juillet est la fête nationale de la République tchèque consacrée à Jan Hus
Le 6 juillet 1415 a été brûlé vif, comme hérétique, sur le bûcher de Constance, Jan Hus. Prêtre, réformateur de l'Eglise, prédicateur célèbre, confesseur de la reine, recteur de l'Université pragoise.
Le legs de Jan Hus, est-il encore d'actualité ? Y a-t-il de continuateurs de son enseignement ? 589 ans après sa mort sur le bûcher, Jan Hus reste un personnage bien vivant de notre histoire, un point de repère, une référence. Une preuve en est : l'Eglise qui porte son nom - hussite tchécoslovaque. Hana Tonzarova, chef du département pour les relations extérieures de l'Eglise hussite tchécoslovaque, a bien voulu m'en parler au micro :
"Dès le début de l'existence l'Eglise hussite tchécoslovaque, en 1920, elle se réfère au legs du maître Jan Hus. Il y a donc beaucoup de traits communs entre Jan Hus, sa réforme et notre Eglise. L'Eglise hussite tchécoslovaque a été fondée le 8 janvier 1920, après que les prêtres catholiques et romains sur le territoire de l'ancienne Autriche-Hongrie ont voulu imposer le renouveau de l'Eglise, alors très conservatrice, refusant d'accepter les acquis des sciences naturelles et historiques et n'étant pas en mesure de faire face aux problèmes sociaux et autres de l'époque. L'effort réformateur a été le fruit d'un mouvement moderniste de la deuxième moitié du XIXe siècle. Pour l'Eglise, le problème de la science a alors été insurmontable. Un groupe de prêtres sur le territoire de Bohême et Moravie se sont réunis autour d'un programme de réforme rédigé en 1848 par Frantisek Nahlovsky. Puisqu'il n'était pas possible de le mettre en oeuvre dans le cadre de l'Eglise catholique romaine, ces prêtres ont été obligés, par leur conscience et par les circonstances, de le mettre en oeuvre "via facti", sans le consentement du Vatican, et du pape. Ainsi, la nouvelle Eglise tchécoslovaque qui a pris l'attribut hussite est née. Notre Eglise se réfère, en fait, déjà au legs de Cyrille et Méthode. Cela est lié avec la liturgie slave et à l'emploi de la langue tchèque lors de la messe. A Noël 1919, encore avant la fondation de notre Eglise, les prêtres réformateurs ont célébré la messe en langue tchèque, en signe de soutien à l'effort réformateur du maître Jan Hus et au renouveau de l'Eglise en une Eglise pure, aux services de l'homme."
L'Eglise hussite tchécoslovaque elle une des rares à avoir des laïcs dans ses rangs ?
"Au moment de sa fondation par les prêtres modernistes catholiques et romains, l'élément laïc y était déjà présent : elle n'a pas été fondée selon le principe de l'Eglise catholique et romaine qui est le suivant: l'Eglise est là où est l'évêque, mais au contraire, l'Eglise est là où se trouve une communauté humaine rassemblée autour du Christ. Les laïcs sont dès le début à la direction de l'Eglise, ils décident ensemble, parfois même ils ont une supériorité."En quoi consistent les principes réformateurs, en quoi sont-ils proches de Hus ?
"Le programme réformateur créé à la fin du XIXe siècle a eu plusieurs points qui, après que les prêtres sont partis au Vatican le présenter au pape, pour qu'il permette la réforme dans le cadre de l'Eglise catholique et romaine, a été réduit à 4 points principaux : La liturgie dans la langue nationale, le célibat librement consenti, le propre patriarcat, c'est à dire une autonomie par rapport au Vatican, et la réforme de l'érudition des prêtres dans les questions de la science. Ces principes sont valables jusqu'à présent. L'Eglise hussite tchécoslovaque est formée de chrétiens qui essayent de remplir par l'esprit de Christ l'effort moral et scientifique. Le profeseur Statecny de la faculté de théologie a marqué la voie par le message devenu la devise de la faculté - terminer la réforme tchèque, ce qui est un processus sans fin..."
Quel est l'intérêt des jeunes pour le travail dans l'Eglise ?
"L'intérêt des jeunes augmente, ce qui est une réaction à la situation d'avant 1989. Elle sort d'un ghetto dans lequel toutes les Eglises étaient enfermées, sous le régime précédent. Puisque le travail social est propre à notre Eglise dès le début, c'est justement ce travail qui permet de renouer et qui fait venir des jeunes. Nos soeurs et frères travaillent au centre pour enfants handicapés à Trhove Sviny, dans un foyer pour retraités à Frydlant et dans une pension pour seniors - Horizont - à Prague. Toutes nos paroisses organisent des collectes de vêtements et de dons humanitaires. Les jeunes sont attirés par ce travail ce qui est important puisque ce sont eux qui porteront plus loin le legs de l'Eglise après une interruption de 40 ans lorsqu'on les empêchait de participer à la vie ecclésiastique. Outre le travail social, c'est le travail culturel et d'éducation qui les attire. Nous organisons des cycles de conférences, des expositions. Celle qui s'appelle L'histoire toujours vivante installée maintenant à Trocnov, village natal de Jan Zizka, leader des troupes hussites, aide à surmonter les mythes qui ont été créés autour du hussitisme au cours des 40 dernières années. Mythes selon lesquels Zizka a été un malandrin et le mouvement hussite un mouvement social. L'idéologie communiste s'est approprié ce mythe."
Combien de membres avez-vous ?
"Selon les statistiques de l'an 2000, l'Eglise hussite tchécoslovaque a 100 000 membres. Au moment de sa fondation, il y en avait 1 million et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale 1 500 000. L'abus du hussitisme par l'idéologie communiste a eu un impact négatif sur notre Eglise qui s'est retrouvée sous pression. La situation commence à s'améliorer grâce aux programmes qui sont utiles pour l'ensemble de la société. Le nombre d'adhérents augmente, un signe en est le nombre croissant de baptêmes et aussi de confirmations des adultes."
Comment célébrez-vous la fête de Jan Hus ?
"Chaque année, le jour anniversaire de la mort de Jan Hus sur le bûcher, le 6 juillet, l'Eglise hussite tchécoslovaque célèbre une messe dans la chapelle de Bethléem ou Hus prêchait:"Tous ceux qui sont appelés par Dieu doivent être reconnus d'autant s'ils louent Dieu et cherchent le salut humain. Il ne faut pas demander si celui qui a été envoyé par le pape ou l'évêque a été muni de lettres ou d'attestation, mais nous devons remarquer que celui est envoyé par Dieu qui cherche le salut humain et pour qui Dieu soit loué."
Voilà une citation du Sermon dominical tchèque du maître Jan Hus que nous avons emprunté pour les cartes d'invitation à la messe et dont il découle nettement en quoi nous renouons avec lui : dans la recherche de Dieux et du salut, et qu'il s'agit vraiment de notre part de continuer son legs, au nom du salut de l'homme et de la gloire de Dieu."