JO - décathlon : Roman Sebrle, le nouvel Héraclès !
La République tchèque tient enfin son champion olympique à Athènes ! Après deux jours d'une lutte intense couronnés par un nouveau record olympique (8893 points), Roman Sebrle a tenu son rang de favori et remporté le décathlon, épreuve phare des Jeux. Récit de l'épopée des dix travaux de l'Héraclès de l'athlétisme...
Pour atteindre l'apothéose, le seul homme à avoir dépassé un jour la barre des 9000 points ( 9026 points, record du monde établi en 2001 à Goetzis, en Autriche) aura toutefois dû puiser jusqu'au plus profond de lui-même. Toujours, aux moments décisifs et opportuns, il a été en mesure de répondre à ses adversaires et de se transcender, comme en témoignent ses nouveaux records personnels aux lancers du poids et du disque, ainsi que ses meilleures performances de l'année dans quatre autres disciplines.
Malgré cela, le Tchèque aura dû attendre l'avant-dernière épreuve, le lancer du javelot, l'une de ses disciplines favorites, pour prendre, enfin, la tête du concours. Avec un jet à un peu plus de 70 mètres (70,52 m), Sebrle reléguait alors l'Américain Bryan Clay et le Kazakh Dimitry Karpov, tous deux auteurs de leur record personnel à Athènes, à des longueurs suffisantes pour aborder le 1500 mètres final en toute sérénité. « J'ai vraiment commencé à croire en la victoire lorsque j'ai franchi cinq mètres au saut à la perche, tandis que, de leur côté, Clay échouait à la même hauteur et Karpov restait bloqué à 4,60 mètres. Après le concours de lancer du javelot, ce sentiment s'est encore renforcé, mais le décathlon comporte dix épreuves et j'ai donc préféré attendre le 1500 mètres. Et là, pendant la course, à un tour de l'arrivée, j'ai su que c'était bon », avouait-il ainsi à sa sortie du stade olympique.Roman Sebrle a donc épongé sa cruelle déception des derniers Jeux de Sydney. A l'époque, il avait été injustement devancé par l'Estonien Erki Nool qui avait bénéficié d'une faveur litigieuse des juges pour l'emporter. Cerise sur le gâteau, il a également effacé des tablettes le record olympique vieux de vingt ans détenu par un autre grand nom du décathlon, le Britannique Dailey Thompson. Dès lors, comme au temps des Jeux antiques, la couronne de feuilles d'olivier qu'il a reçue récompense non seulement la force physique que le vainqueur symbolise, mais aussi une certaine beauté morale d'un homme et d'un champion au-dessus de tout soupçon.