Francisco Whitaker, membre de la commission brésilienne Justice - Paix, au Forum 2000

Francisco Whitaker

La mondialisation est inévitable, tout dépendra de son caractère démocratique et éthique: voilà l'une des conclusions de la conférence Forum 2000, des Ponts à travers les abîmes globaux, qui s'est tenue, du 17 au 19 octobre, à Prague. Parmi les invités, représentants d'institutions mondiales et leurs opposants des rangs d'organisations humanitaires, écologiques et des droits de l'homme, Francisco Whitaker était membre de la commission brésilienne Justice - Paix et membre du comité d'organisation du Forum social mondial. Jaroslava Gissubelova lui a demandé avec quelles propositions concrètes il était venu à Prague :

"Si on ne veut pas cette globalisation, quelle globalisation veut-on ? Parce qu'on ne peut pas être contre la mondialisation qui existe. Le Forum social est venu avec la proposition de passer à une autre phase, de proposition. Pour faire cela, essayons de nous réunir pour discuter ensemble."

Vous voulez donc une coopération, pas seulement une critique, vous voulez être une force qui participe à la recherche de solution des problèmes de la mondialisation?

"Oui, bien sûr, nos propositions - c'est une infinité de propositions dans tous les sens, par exemple, il y a un problème crucial, aujourd'hui, au niveau mondial, celui des Nations Unies, qui n'existent pas en réalité. L'ONU est en crise totale, elle n'est pas entendue, elle n'a pas de force, donc il faut la réformer. Que veut-on faire avec la mondialisation? Une autre logique, la logique actuelle, c'est l'augmentation du profit à n'importe quel prix, c'est le profit des profits, alors que nous voulons donner la priorité aux gens. Comment faire pour utiliser les moyens incroyables, merveilleux, dont on dispose ? Comment les utiliser pour que le niveau de vie des gens s'élève et que leur solidarité s'accroisse ? Nous voulons une logique de coopération permanente."

Que dites-vous, par exemple, à propos de la Banque mondiale?

Justice - Paix
"La Banque mondiale est actuellement très préoccupée par la pauvreté. La pauvreté augmente, les différences entre les pays riches et pauvres augmentent, ainsi que les différences à l'intérieur des pays, alors, en ce moment, on dit à la Banque mondiale qu'il faut changer de politique. Il faut penser, par exemple, à ne pas obliger les gens, comme le FMI, à payer les dettes à n'importe quel prix, avec des intérêts qui sont absolument absurdes. D'où provient cet argent des intérêts? De la production nationale. Au lieu d'utiliser cet argent pour améliorer le sort des gens dans les pays endettés, on est en train de rembourser les dettes. C'est un changement d'attitude qu'il faut effectuer dans le monde."

Vous êtes optimiste?

"Non, je suis réaliste, dans le sens que nous sommes très loin de cela, mais je suis optimiste dans la mesure où je crois que c'est possible. Le Forum de Prague est basé sur la question de la société civile, c'est-à-dire quel est son rôle, que peut-elle faire ? Je suis optimiste parce que des événements comme celui-ci se multiplient dans le monde et qu'ainsi, on est en train de monter une nouvelle culture."