Vaclav Havel et la Chambre des députés outragés par l'intervention du leader du parti communiste

Miroslav Grebenicek im Parlament (Foto: CTK)

Pour célébrer le 15e anniversaire du début de la Révolution de velours, l'ancien chef de l'Etat, Vaclav Havel, son successeur, Vaclav Klaus, des anciens dissidents, et les députés s'étaient rassemblés à la Chambre. Mais la première cérémonie officielle de ce genre a été troublée par le discours tenu à cette occasion par le président du Parti communiste de Bohême et de Moravie, Miroslav Grebenicek.

Le président du Parti communiste Miroslav Grebenicek,  photo: CTK
« Grebenicek a provoqué le scandale ». « Le président des communistes a choqué le Parlement ». Les titres choisis par Mlada fronta Dnes, le quotidien d'informations sérieuses le plus vendu dans le pays, au lendemain des célébrations du 17 novembre sont sans équivoque. Le journal Lidové noviny publie, lui, en première page la photo de Vaclav Havel consterné et plongé dans ses pensées venant de quitter la salle de travail de la Chambre des députés. Au-dessus, quatre mots barrent la une sur toute sa largeur : « Grebenicek a parlé, Havel est parti ».

Le leader communiste, principal représentant de l'aile conservatrice du Parti, a été l'un des rares à ne pas cacher les sérieuses réserves qu'il émet sur l'évolution du pays depuis 1989. Selon Miroslav Grebenicek, la vérité et l'amour, les deux symboles de la révolution, se sont transformés en « criblage et criminalisation des vivants et des morts » :

« Il n'est pas possible de moraliser l'Histoire, de porter sur elle des jugements. Le meurtre légal restera une tâche odieuse, et ce qu'elle soit dissimulée derrière les intérêts de l'Eglise, les intérêts du capital ou les intérêts du communisme. Chaque homme a le droit de poser son propre regard sur la réalité et de choisir ses propres valeurs. Je refuse toutefois d'approuver la mode de l'anticommunisme vulgaire que l'on retrouve désormais même dans les manuels scolaires. »

Au cours de son allocution prononcée devant une Chambre des députés désertée non seulement par Vaclav Havel, mais aussi par la grande majorité des représentants de droite, Miroslav Grebenicek a été plus loin encore en affirmant que les Tchèques moyens vivaient mieux avant novembre 1989. « Ils travaillaient, éduquaient leurs enfants et pouvaient réaliser leurs rêves », a-t-il ainsi déclaré.

Des propos que Vaclav Havel, choqué, a préféré ne pas commenter, à l'inverse du député civique-démocrate Zbynek Novotny qui estimait, pour sa part, avec ironie qu'il était bien que le président du parti communiste se soit exprimé. « Au moins les gens ont eu l'occasion de se représenter qu'elle était la situation dans ce pays il y a encore à peine quinze ans de cela », a-t-il conclu.