Presse : l’Église orthodoxe tchèque sous influence russe
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les tendances pro-russes au sein de l’Église orthodoxe tchèque. Autre sujet traité : le manque d’intérêt des jeunes Tchèques pour l’apprentissage. Quelques remarques seront ensuite consacrées à la faible fréquentation du dernier documentaire sur Václav Havel, pourtant fortement apprécié par la critique, et à l’impossibilité d’atteindre un consensus politique sur la réforme des retraites. Un mot enfin sur l’un des plats favoris des Tchèques…
« L’Église orthodoxe : une menace sécuritaire. La situation alarmante préoccupe les institutions, le clergé et les services de renseignement tchèques. » Voilà le titre d’un texte publié dans le quotidien Deník N dans lequel on peut lire :
« Depuis le début de la guerre en Ukraine, des dizaines de prêtres ukrainiens ont rejoint l’Église orthodoxe tchèque. Le problème, c’est qu’ils relèvent du patriarcat de Moscou et donc du patriarche Kirill, proche allié de Poutine, qui figure sur la liste des sanctions dressées par la Tchéquie. Or, beaucoup de prêtres tchèques alertent sur le fait que l’Église orthodoxe tchèque se trouve actuellement sous la domination de sa composante pro-russe. »
Le chroniqueur du journal raconte que la transformation de l’Église orthodoxe tchèque, dont les racines remontent aux saints slaves Cyrille et Méthode, a commencé en 2014 avec l’élection à sa tête de Michal Dandár. Ancien agent de la police de l’Etat communiste, Dandár était aussi un camarade de classe du patriarche Kirill à l’Académie spirituelle russe de Léningrad. Cette évolution a été précipitée, comme il le rappelle, par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 :
« Les prêtres orthodoxes venus en Tchéquie dans le cadre de la vague de réfugiés ukrainiens ont introduit des traditions et des habitudes russes et ont gagné de plus en plus d’influence au sein de l’Eglise orthodoxe tchèque. Et c’est justement parce qu’elle tend à devenir progressivement un bastion de l’influence russe ou même pro-Poutine que les autorités et les services de renseignement tchèques ont commencé à examiner avec attention ce qui se passe en son sein. D’autant plus que parmi les nouveaux prêtres, Moscou pourrait trouver des personnes susceptibles de l’aider. »
Le poids de l’Église orthodoxe tchèque s’accroît également, comme l’ajoute Deník N, à mesure qu’elle gagne de nouveaux fidèles. Tandis qu’en 2021, elle comptait quelque 40 000 personnes, la guerre en Ukraine et l’arrivée de réfugiés ont contribué à augmenter le nombre de ses fidèles de manière significative.
Un faible intérêt pour l’apprentissage
« A quelques exceptions près, les centres de formation pour apprentis n’ont pas beaucoup d’attrait pour les jeunes Tchèques. » C’est le constat fait par le quotidien Lidové noviny alors que les examens d’entrée dans les écoles et autres établissements du cycle secondaire sont actuellement en cours dans le pays. Il a à ce propos indiqué :
« Tandis que les élèves de l’école primaire se disputent les places dans les lycées et dans les autres écoles du cycle secondaire, les centres d’apprentissage doivent, eux, souvent se battre pour chaque candidat. Quelque 34 000 élèves se sont inscrits cette année au concours dans un centre d’apprentissage, tandis que leur capacité totale est de près de 52 000 places. Évidemment, ce manque a des répercussions négatives sur de nombreux secteurs qui dépendent de l’offre de nouveaux diplômés. Ce sont, par exemple, la menuiserie et la maçonnerie qui n’attirent guère les jeunes, pas plus d’ailleurs que les professions de serruriers-mécaniciens ou de métallurgistes. Les secteurs du gaz et de l’énergie figurent également parmi les domaines qui souffrent d’une pénurie d’apprentis. Les seules exceptions sont les professions de coiffeur et de mécanicien automobile. Cette année, le nombre d’intéressés y a même dépassé celui de places disponibles. Les professions d’électricien et de plombier ont également suscité un assez grand intérêt. »
L’autre problème que Lidové noviny retient, c’est souvent la mauvaise orientation lors du choix du domaine d’apprentissage. Selon une enquête de l’agence Ipsos, en effet, seuls 23 % des apprentis qui achèvent leur formation travaillent dans le secteur choisi.
Václav Havel, quel intérêt a-t-il pour la jeune génération ?
Apprécié par la critique, le nouveau documentaire intitulé ‘Ici Havel, vous m’entendez?’ sorti récemment en salle, a, cependant, suscité peu l’intérêt des spectateurs. Le magazine Reflex rapporte que durant les onze premiers jours suivant sa sortie, il a été vu par près de 12 850 personnes seulement. Le magazine tente de relativiser :
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« Bien que l’ancien président Václav Havel continue de susciter l’intérêt et parfois de fortes émotions dans le débat public, le nouveau documentaire qui lui est consacré ne rencontre pas un succès en salles. Il semble intéressant seulement pour des fans de Havel, tandis que pour les jeunes générations, il ne propose probablement que des ‘images du passé’ plutôt ennuyeuses. Pourtant, le film de Petr Jančárek présente des images uniques de la dernière décennie de la vie du plus grand symbole de la révolution de novembre 1989. S’il n’attire presqu’exclusivement que les sympathisants de Václav Havel, une figure de proue de l’histoire tchèque, c’est aussi parce qu’il n’y a aucun conflit qui permettrait de confronter le protagoniste à ses décisions et positions considérées parfois comme controversées. »
Selon le chroniqueur de Reflex, le documentaire sur Václav Havel évoque également une question qui a déjà été posée à maintes reprises. Celle de savoir si la place de tels documentaires dans les salles de cinéma est bien-fondée. « La télévision ou le streaming ne sont-ils pas plus convenables ? », se demande-t-il.
Impossibilité d’un consensus sur la réforme des retraites
Le parti ANO d’Andrej Babiš a refusé à la dernière minute de participer aux consultations sur la réforme des retraites avec le président de la République Petr Pavel. « Un signe d’inculture politique », selon l’éditorialiste du journal Hospodářské noviny, car « une telle invitation ne se refuse pas dans un monde normal. » Mais surtout, comme il l’écrit, c’est regrettable du point de vue du fonctionnement de l’État tchèque et de la vie dans le pays :
« La démarche d’Andrej Babiš, en tant que chef du plus fort parti politique, est extrêmement malheureuse pour la Tchéquie. La réforme des pensions est certainement un sujet sur lequel l’ensemble de la représentation politique devrait se mettre d’accord si possible. Il ne s’agit pas d’une question liée à une période électorale. Elle concerne les décennies à venir, vue l’évolution démographique défavorable. Le scénario où un gouvernement propose une réforme, tandis qu’un autre l’abolit comme c’était le cas en 2013 est malheureux et ne fait que reporter la solution du problème à l’avenir. »
De l’avis de l’éditorialiste du quotidien économique, nous nous trouvons probablement face à une confrontation similaire à celle d’il y a onze ans :
« La prévisibilité des actions de l’Etat est une condition permettant de bien vivre dans un pays. Prévoir l’avenir fait partie de la vie. En Tchéquie, en raison d’un manque de volonté d’Andrej Babiš de reconnaître la réalité et de chercher une solution consensuelle au problème des pensions, cela n’est manifestement pas possible. »
Le fromage frit, un des plats favoris des Tchèques
« Le fromage frit (smažák) est un élément emblématique de la cuisine tchèque depuis plus de cent ans. » C’est ce que rappelle le journal en ligne Forum24.cz. Et de préciser :
Le fromage frit accompagné de frites et de sauce tartare n’est pas seulement le repas préféré de la majorité de la population tchèque, mais il figure également au menu de la plupart des restaurants locaux, même ceux qui ne proposent pas uniquement de la cuisine tchèque. Il a commencé à s’imposer dans le pays après la Première Guerre mondiale où il a été proposé, par exemple, par le célèbre restaurant Grand Hotel Šroubek à Prague. Il était alors réservé, telle une délicatesse, prioritairement aux riches. Cette situation a rapidement changé sous le socialisme. À l’époque, c’était notamment le prix abordable de cette spécialité qui a contribué à sa popularité qui ne s’est jamais estompée depuis. »
« Aujourd’hui, le fromage frit constitue une composante incontournable des menus locaux, un plat pour lequel les gens sont prêts à payer jusqu’à trois cents couronnes (12 euros) pour une portion », lit-on dans Reflex.