1989 : une exposition visuelle et sonore dans le corridor du Musée national
Pour commémorer le 30ème anniversaire de la révolution de Velours, le Musée national de Prague présente une exposition exceptionnelle sur cette révolution citoyenne qui a mis fin à quarante ans de communisme dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Elle est à voir jusqu’au 29 février 2020 sur la place Venceslas, le cœur historique de la révolution.
A de nombreuses reprises au cours de l’histoire de la Tchéquie, le Musée national a été un témoin privilégié des bouleversements politiques du pays. C’est sur cette même place Venceslas que des milliers de Tchèques ont contribué à rétablir pacifiquement la démocratie libérale dans leur pays peu après la chute du mur de Berlin.
Pour raconter cet événement marquant, le Musée national a vu grand. A travers une collection impressionnante d’affiches d’époque, d’objets du quotidien ou de vidéos, les visiteurs sont invités à explorer de façon très réaliste l’atmosphère culturelle et sociale de la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980.
A l’occasion de ce 30ème anniversaire de la révolution, le Musée ouvre également pour la toute première fois au public le corridor qui relie l’ancien et le nouveau bâtiment. Le corridor a été entièrement numérisé. Une expérience visuelle et sonore ultra moderne autour de la révolution de Velours attend ici les visiteurs.Après la traversée du corridor, Tomáš Kavka, chef du département d’histoire moderne tchèque au Musée national, nous a conduits dans le nouveau bâtiment du Musée. Ce dernier représente aussi un pan d’histoire à lui tout seul, puisqu’il a accueilli jadis l’ancienne Assemblée fédérale. Et c’est ici que Václav Havel a été élu à la présidence de la République en décembre 1989.
« Cette partie de l’exposition est très symbolique. Ici vous pouvez les noms des anciens membres du Parlement, les membres du premier Parlement post-communiste. On peut voir aussi leur parti et la transcription d’une question qu’ils ont posée au Parlement à cette époque ».
Tomáš Kavka nous dirige ensuite dans une autre salle de l’exposition qui témoigne de la diversité des mémoires individuelles :« Ces quatorze écrans de télévision présentent les quatorze régions de la République tchèque. On peut y entendre des témoins des événements de 1989 appartenant à chaque région tchèque, raconter leurs souvenirs. Donc ce n’est pas simplement Prague qui est représentée. On voit par exemple des anciens étudiants ou alors des gens qui travaillaient à cette époque. Et ici il n’y a pas seulement une seule opinion représentée, il y a des gens qui croyaient au communisme. Mais la plupart des gens étaient dans l’euphorie de la révolution ».
Une professeure d’histoire en visite au Musée, Kateřina Pelikánová, a elle aussi bien connu cette révolution. Au micro de Radio Prague Int., elle rappelle l’importance de la mémoire :
« J’étais étudiante à cette époque, non pas à Prague mais à Brno. Je me souviens très bien de ces événements et tout ce que je peux voir ici me rappelle aussi les choses que j’ai oubliées. Je suis aussi professeure d’histoire et c’est aussi la raison pour laquelle je trouve ça intéressant qu’il existe ce type d’expositions. On devrait transmettre et montrer aux jeunes ce qui s’est passé pour ne pas oublier. »En plus de l’apport pédagogique pour les plus jeunes, l’exposition permet aussi aux étrangers de passage de découvrir une révolution qui n’est souvent pas abordée suffisamment dans leurs manuels d’histoire. C’est ce que nous ont expliqué deux Américains, Josh et Lana, qui nous parlent de leurs découvertes sur cette époque où l’Europe était divisée par le rideau de fer :
« Une des choses que j’ai remarquée, c’est une affiche qui représente une frontière de barbelés… Et venant d’un pays où un président a été élu en promettant de construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique… Une chose que je trouve peu claire dans l’enseignement aux Etats-Unis, c’est qu’ils ne nous montrent pas que le rideau de fer était en réalité un véritable rideau de fer. Ce n’était pas qu’une différence idéologique, c’était aussi une barrière physique. C’était une grande révélation pour moi qu’il ait existé un véritable mur entre les deux parties et de voir les conséquences psychologiques et culturelles. »« Une chose qui m’a surprise est d’en apprendre sur l’environnement. Je pense qu’il y a un parallèle à faire avec la période actuelle concernée par le changement climatique. C’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas et qu’il était très intéressant d’apprendre. »
L’exposition du Musée national qui se tiendra jusqu’en février 2020 semble donc aller dans le sens des propos de Milan Kundera qui affirmait en 1979 : « La culture, c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre ».