UE-réfugiés : « Si on travaille par quotas obligatoires, on se remet dans la discussion de 2015 qui n’a pas été fructueuse »
La Secrétaire d’Etat française aux Affaires européennes était à Prague cette semaine. Amélie de Montchalin a rencontré son homologue tchèque Milena Hrdinková ainsi que des représentants des trois autres pays du groupe de Visegrad (V4) que sont la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie. Juste avant cette visite, c’est l’annonce d’un nouveau projet de réforme de la politique européenne d’asile qui a suscité des réactions à Prague, où le gouvernement a de nouveau émis une fin de non-recevoir à toute idée de répartition de réfugiés selon des quotas fixés pour chaque Etat-membre.
Le ministre tchèque de l’Intérieur, Jan Hamáček, a précisé que ce plan de réforme devait être présenté par l’Allemagne en début de semaine prochaine au niveau européen, mais le chef du gouvernement tchèque n’a pas attendu pour s’exprimer sur le sujet. « Nous refusons par principe la répartition de migrants de la même manière que nous refusons les quotas », a déclaré Andrej Babiš, cité mercredi par l’agence de presse ČTK. Un refus exprimé depuis la crise migratoire de 2015 par le V4, ce qui, selon Amélie de Montchalin, n’empêche pas de discuter d’autres formes de solidarité au sein de l’UE sur le sujet :
« Je crois que les partenaires du groupe V4 comprennent pleinement l’importance de repartir sur de bonnes bases dans ce débat, après les expériences non concluantes de 2015 et 2016. La proposition qu’on fait avec les Allemands n’est pas une proposition bloquante. C’est l’idée que des pays vont vouloir jouer certains rôles et que d’autres pays vont vouloir jouer d’autres rôles. »« Ce que nous voulons, c’est que tous jouent un rôle. Il ne peut y avoir de pays indifférent ou de pays résigné. Donc ce qu’on met sur la table c’est le fait que les pays définissent les formes de solidarité qu’ils veulent avoir au sein de l’Europe et la responsabilité qu’ils prennent s’ils ont des frontières extérieures pour protéger nos frontières – pas pour qu’on devienne une forteresse mais pour qu’on puisse s’organiser et savoir qui rentre et qui sort – et donc mettre les moyens nécessaires. »
« Je pense qu’on a aujourd’hui une discussion qui est beaucoup plus apaisée, pragmatique et réaliste. Cela ne veut pas dire qu’on va tout de suite être d’accord, mais je pense qu’il y a une compréhension beaucoup plus grande sur le fait qu’on a besoin de repartir sur une solution qui traite les défis actuels, pas des crises hypothétiques. Il faut que très pragmatiquement on puisse expliquer à nos citoyens qu’on s’organise, qu’on reprend le contrôle sur un phénomène qui doit être traité humainement et efficacement. Si on a juste des principes et qu’on n’est pas capable d’avoir une forme d’efficacité, je crois que c’est même tout le construit social qu’on affaiblit. »
Le projet de réforme de la politique européenne d’asile est donc une initiative franco-allemande ?
« On a travaillé beaucoup avec les Allemands. Il y a des points sur lesquels on a encore des divergences d’approche. Mais sur les idées d’avoir des frontières extérieures mieux surveillées et de vrais moyens de retour, de réadmission pour les personnes qui n’ont pas de statut de réfugié ni de possibilité de travailler en Europe, on est d’accord. Comme sur le fait que tous les pays doivent jouer un rôle et qu’il ne peut y en avoir qui s’éloignent ou s’extraient du sujet. Il faut créer une vision commune de l’asile et rénover Schengen. Après, il existe des différences d’approche, de détails, mais notre travail est de préparer le terrain pour que nous puissions avoir une majorité quand la Commission européenne va faire ses propositions début 2020. »En tout cas pour ce qui est des quotas, Prague et le groupe de Visegrad ne veulent toujours pas en entendre parler…
« Notre position en France est que si on travaille par quotas obligatoires, on se remet dans la discussion de 2015 qui n’a pas été fructueuse. »