UE : la Tchéquie satisfaite de la volonté de durcir la lutte contre la migration illégale
L’Union européenne entend durcir la lutte contre l’immigration illégale, et cela n’est assurément pas pour déplaire à la Tchéquie. Partisan de la stratégie d’externalisation du renvoi des migrants, à travers notamment une coopération renforcée avec des pays extérieurs à l’UE, son Premier ministre, Petr Fiala, est reparti très satisfait du sommet qui s’est tenu à Bruxelles en fin de semaine dernière.
« Faire preuve de plus de courage et réagir plus rapidement. » Tel est le principal message que Petr Fiala a fait passer à ses dix autres homologues européens lors de la réunion qui s’est tenue, jeudi dernier, en amont du sommet des Vingt-sept. Une table autour de laquelle, outre donc le Premier ministre tchèque, se trouvaient également assis Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, le Slovaque Robert Fico, le Néerlandais Dick Schoof, l’Autrichien Karl Nehammer ou encore le Polonais Donald Tusk. Le tout en la compagnie d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, pour une réunion dont la seule tenue témoigne jusque dans quelle mesure la politique migratoire peut être source de discordes entre les capitales européennes.
Au final, si l’on s’en tient à ses déclarations faites aux médias avant de reprendre la direction de Prague, Petr Fiala avait de quoi être satisfait des avancées accomplies lors de ce sommet :
« Les demandes que nous formulons depuis un certain temps, à savoir le partenariat avec les pays d’origine et de transit, un nouveau cadre juridique pour les retours, y compris les centres de retour dans les pays tiers, la révision de la liste des pays d’origine sûrs, sont autant de points sur lesquels nous allons continuer à travailler. »
Comme plusieurs autres dirigeants européens, Petr Fiala a noté que l’atmosphère autour de toutes les questions en lien avec la politique migratoire avait changé à Bruxelles. La Tchéquie réclamant une position ferme sur les retours de personnes en situation irrégulière, son Premier ministre s’est félicité du fait que les positions des uns et des autres étaient en train de converger et que de plus en plus de pays membres étaient prêts à chercher de nouveaux moyens de traiter la migration illégale :
« Je constate un grand changement dans ce domaine, car nous parlons désormais de choses qui étaient taboues il n’y a encore pas si longtemps. Par exemple, il s’agit d’améliorer la politique de retour, qui ne fonctionne pas. Le nombre de personnes censées être expulsées et qui le sont effectivement est d’environ 20 %, et il faut que cela change radicalement. Nous devons beaucoup mieux protéger les frontières extérieures, coopérer plus étroitement avec les pays tiers et chercher des solutions innovantes. »
Comme exemple de solution innovante, Petr Fiala est lui aussi favorable à la création de centres dits « de retour » dans des pays extérieurs à l’UE vers lesquels pourraient être transférés les migrants expulsés après que leur demande d’asile a été rejetée. Actuellement, selon le règlement dit Dublin, c’est aux pays de première arrivée sur le territoire de l’UE, et donc majoritairement méditerranéens, qu’il incombe de traiter ces demandes.
Inversement, toujours selon le chef du gouvernement tchèque, la solution ne peut pas être de procéder à des contrôles à l’intérieur de l’espace Schengen, comme cela est le cas actuellement dans certains pays, et notamment en Allemagne où le gouvernement d’Olaf Scholz, effrayé par la poussée de l’extrême droite aux élections, a récemment décidé de rétablir des contrôles aux frontières avec tous les pays voisins. Dans l’attitude du voisin allemand, Petr Fiala voit l’application de mesures « contraires à l’esprit de l’intégration européenne et à ce que nos citoyens attendent d’une Europe commune ».