A Prague, des experts de 29 pays réunis à Prague pour débattre de l’avenir de l’Antarctique
La protection de l’environnement en Antarctique, la régulation du tourisme sur le continent et la coopération scientifique sont les thèmes majeurs d’une grande conférence internationale qui, depuis mardi dernier et jusqu’à ce jeudi, se déroule à Prague.
Les représentants de vingt-neuf pays qui assurent la gouvernance internationale de l’Antarctique, parmi lesquels la République tchèque depuis 2014, sont réunis à Prague dans le but d’adopter, à la fin de la conférence, la Déclaration dite de Prague. Celle-ci fera référence au Traité sur l’Antarctique de 1959 et reviendra sur ses engagements. Complété par plusieurs protocoles, ce traité constitue un exemple unique au monde de gouvernance internationale d’une région dédiée à la paix, à la science et à la protection de l’environnement, comme le souligne Daniel Nývlt, responsable de l’équipe tchèque de recherches dans l’Antarctique :
« Le plus important est certainement de conserver l’Antarctique pour les générations futures dans l’état qu’elle est aujourd’hui encore. L’Antarctique reste le continent le moins touché par l’activité humaine. Même si un nombre croissant de touristes s’y rendent (+8 à 9 % en 2018 pour un nombre total estimé à 56 000, +50 % sur les huit dernières années, ndlr), il convient d’adopter des mesures qui permettront de faire en sorte que leur influence sur l’environnement de l’Antarctique soit la plus faible possible. L’idée est également que l’Antarctique reste un continent de paix sans guerre et sans présence d’armes. Il convient d’empêcher l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables et des organismes vivants, qu’il s’agisse des poissons, des pinnipèdes ou des baleines. Toutes ces diverses conventions tombent sous la coupe du Traité de l’Antarctique. »Aujourd’hui encore, le continent austral reste un territoire dont aucun pays ne peut revendiquer la possession. C’est une des raisons pour lesquelles une approche d’entraide internationale a été établie dès 1959 avec la rédaction du Traité sur l’Antarctique. Ce document, qui, comme l’explique Daniel Nývlt, limite les activités sur le continent à des buts pacifiques, avait à l’époque été rapidement accepté par la Tchécoslovaquie. C’est ce qu’avait confirmé Yves Frenot, alors directeur de l’Institut polaire français, à Radio Prague il y a deux ans de cela, lors d’une réunion des responsables nationaux des programmes de recherche sur l’Antarctique qui s’était tenue à Brno (Moravie):
« La République tchèque a été parmi les premiers signataires du Traité sur l’Antarctique, la Tchécoslovaquie à l’époque. Elle a adhéré au traité en 1962, à peine un an après son entrée en vigueur. En 2014, du fait de ses activités scientifiques, avec la mise en place d’une station de recherches en Antarctique, la station Gregor Mendel, il a été reconnu que la République tchèque avait une activité scientifique significative. De ce fait, elle est devenue partie consultative. Désormais, elle participe aux prises de décision sur l’Antarctique. »Cette année encore, l’Université Masaryk de Brno a envoyé deux expéditions en Antarctique. Outre la désormais traditionnelle équipe qui s’est rendue à la station polaire Gregor Mendel, qui est administrée par l’université sur l’île James Ross, des chercheurs ont participé à une autre mission aussi sur l’île Nelson, qui se situe dans l’archipel Shetland du Sud. L’université y a loué une station créée par l’explorateur Jaroslav Pavlíček et qui appartient désormais au Fonds de dotation de l’Antarctique tchèque (ČNAF).
Avec la fondation de la station Gregor Mendel en 2007, la République tchèque est devenue le vingt-sixième pays à posséder sa propre base scientifique sur le continent antarctique. Le principal objectif de cette mission est d’observer et de mesurer, plusieurs mois durant, le réchauffement climatique sur l’île et plus largement sur la région.Quant à l’opération menée sur l’île Nelson, elle a consisté à préparer le terrain pour une rénovation prochaine de la station. Il s’agissait notamment de collecter les déchets rejetés dans la mer avec pour idée d’en exposer ensuite une partie sous la forme d’une œuvre d’art à Prague pour interpeller le public du danger qui menace la planète.