L’industrie de l’armement tchèque bat des records à l’export
Avec une valeur totale estimée à 18,2 milliards de couronnes en 2016 (près de 700 millions d’euros), les ventes d’armes de la République tchèque à l’étranger se portent au mieux. Une réussite pour les quelque 250 entreprises du secteur, qui soulève tout de même quelques questions.
Ces ventes ont d’ailleurs permis à l’appareil de redécoller : alors que la compagnie avait cessé d’en produire entre 2003 et 2016, elle en a vendu douze à l’aviation militaire irakienne l’année dernière, et prévoit désormais une production annuelle de vingt-six engins, nouvelle génération de L-39 comprise.
Les experts prévoient cependant un ralentissement de la croissance des ventes dans les prochaines années. En cause : la pénurie de main-d’œuvre notamment, comme l’explique Jiří Hynek, président de l’Association de l’industrie de la défense et de la sécurité :
« Il y a très peu de personnel qualifié sur le marché du travail tchèque. L’industrie de la défense possède beaucoup d’experts dans des domaines très spécialisés qui ont déjà passé l’âge de départ à la retraite. Ma crainte est que nous soyons dans l’impossibilité de retrouver des experts du même niveau lorsque cette génération d’anciens partira vraiment à la retraite. »C’est là un enjeu majeur pour l’industrie de l’armement tchèque alors que ses entreprises enregistrent des succès symboliques sur le marché du haut de gamme. En avril, c’est le GIGN, unité d’élite de l’armée française, qui a choisi les fusils d’assaut du fabricant Česká Zbrojovka. Un nouveau positionnement confirmé par les chiffres, selon Jiří Hynek :
« Nous produisons davantage de matériel sophistiqué et vendons moins de vieux stocks remaniés. L’intérêt pour nos radars passifs et émetteurs radio confirme cette tendance. Les exportations dans ce domaine ont augmenté de plus de 80%. »
Le soutien sans faille du gouvernement contribue à ce succès à l’export. Pour 2017, pas moins de quarante voyages officiels sont ainsi prévus avec pour mission de décrocher de nouveaux contrats. Inversement toutefois, le ministère de la Défense a annoncé, lundi, l’achat de quatre-vingt véhicules blindés à une société italienne.
L’étranger représente 90% des ventes tchèques dans ce secteur, une proportion habituellement comprise entre 10 et 30% dans les pays occidentaux. Même si ces ventes à d’autres pays ne sont parfois pas sans risques, Jiří Hynek assure que tous les moyens sont mis en œuvre pour empêcher que les armes atterrissent, par exemple, entre les mains de groupes terroristes.
« Nous disposons à l’échelle internationale de mécanismes importants de contrôle pour empêcher que cela se produise. Aucune société tchèque ne souhaite que ses armes finissent entre les mains des membres de l’Etat islamique par exemple. Du point du vue commercial, ce serait là une catastrophe pour la société en question. Personne ne soutient donc de telles organisations. Cela n’empêche pas qu’un terroriste puisse tuer un soldat de l’armée irakienne, lui prendre son arme et l’utiliser ensuite. Cela arrive dans tous les conflits. Notre devoir est d’assurer que ce phénomène ne soit pas massif et qu’aucune entreprise tchèque ne fournisse des armes du mauvais côté de la barricade. »Une précaution non négligeable, à supposer qu’elle ait été prise avec sérieux pour les 1 180 licences d’autorisations de ventes délivrées l’année dernière par le ministère de l’Industrie et du Commerce.